Juste après son intronisation à la présidence du Medef, en juillet 2005, Laurence Parisot a bien résumé son programme en matière de "refondation sociale" : "La vie, la santé, l’amour sont précaires. Pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ?" Après "La liberté d’entreprendre s’arrête là ou commence le Code du travail", ça avait le mérite de cadrer sa pensée.
Le Medef n’a eu de cesse, depuis la nomination de Mme Parisot, de demander un contrôle accru des demandeurs d’emploi, et notamment pour mieux détecter tous ces "fraudeurs" en puissance, ces "profiteurs" du travail précaires. Le gouvernement les a entendu avec le fameux décret de Noel 2005 [1], qui autorise les agents du ministère de l’Emploi à fouiller dans les dossiers fiscaux des chômeurs. Recoupement des fichiers, LA solution !
Dans une revue de presse interne de juillet 2005, le Medef applaudissait un édito du Figaro pour qui "le renforcement du contrôle des chômeurs dans leur recherche d’un emploi constitue une des pierres angulaires de tout plan crédible pour l’emploi . [2]
Parisot a réitéré sa position dans une conférence de presse d’avril 2006 à propos de la "sécurisation des parcours professionnels" : "Cela peut aussi supposer des règles plus contraignantes, des contrôles plus sérieux. (...) Il ne faut pas oublier qu’une des variables importantes de ces modèles c’est précisément le contrôle des chômeurs et notamment le fait qu’ils ne peuvent refuser un nouvel emploi si celui-ci est convenable. Ou alors ils risquent de perdre leur indemnisation."
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N’en déplaise à Parisot et ses lieutenants, un rapport du député UMP Dominique Tian divulgué le 20 décembre dit exactement le contraire : la fraude qui ravage l’assurance chômage est d’ordre "mafieux" et "industriel", et non le fait de particuliers motivés par la triche et les fausses déclarations...
Et le député UMP de proposer de ficher... les patrons voyous !
"La mission propose la création d’un fichier national des gérants et dirigeants d’entreprise, d’un fichier national répertoriant gérants et dirigeants de société condamnés à des interdictions de gérer et un fichier national répertoriant les entreprises faisant l’objet d’une procédure collective." Dominique Tian, sans négliger l’importance de la fraude individuelle, insiste sur "les pratiques de fraudes organisées qui, par leur ampleur et la logique criminelle qui les guide, ont mis en cause des dizaines et des centaines de sociétés (...) et des milliers de fraudeurs. Il rappelle que l’Unedic a mis en place en février 2005 un service de prévention des fraudes et que les Assedic ont généralisé depuis janvier des détecteurs de faux papiers." [4]