Texte anti-rap des députés Grosdidier, Mach et Garraud

Ces députés UMP ont eu la bonne idée, au lendemain de l’embrasement des banlieues, de défendre une loi qui criminaliserait les groupe de rap au nom d’une certaine "dignité de la France"...

Mardi 22 novembre, 152 députés et 49 sénateurs, en majorité de droite et emmenés par l’UMP François Grosdidier, ont saisi le ministre de la Justice contre des auteurs compo de rap Monsieur R, Smala, les groupes Lunatic (dissous), 113, Ministère Amer et les chanteurs Fabe et Salif.

Pour le député maire de Woippy (15 000 habitants) et ses cosignataires, des chansons et des clips comme ceux produits par Monsieur R « constituent une incitation au racisme et à la haine » d’autant plus dangereuse que cette musique ne s’adresse pas à un « public averti [...] en mesure de prendre des messages au deuxième, au troisième ou au quatrième degré ». « Cela conditionne et c’est ce qui fait passer à l’acte ».

La saisine fait chronologiquement suite à une première lettre de monsieur Grosdidier au ministre de la Justice portant son attention sur les textes de Monsieur R et à une proposition de loi présentée le 28 septembre dernier par Daniel Mach et Jean-Paul Garraud visant à instaurer un délit "d’atteinte à la dignité de la France et de l’État".

Messieurs les députés, au lieu de se pencher sur les causes profondes du malaise social dans les quartiers délaissés des agglomérations, préfèrent encore une fois tirer sur les messagers et les artistes comme l’imbécile qui ne voit que le doigt quand on lui montre la Lune.

P.-S.

REF : "exposé des motifs" de la proposition de loi de Mach et Garraud.

"Mesdames, Messieurs,
Au mois d’août 2005, les français ont pu découvrir, dans le commerce ou sur Internet la chanson de « Monsieur R » intitulée « FranSSe », issue de son album « Politikment incorrekt » et susceptible d’être diffusée sur les ondes.

"Les paroles de ce titre sont édifiantes : « La France est une garce, n’oublie pas de la baiser jusqu’à l’épuiser, comme une salope, faut la traiter mec..., je pisse sur Napoléon et le Général de Gaulle... La France est une mère indigne qui a abandonné ses fils sur le trottoir sans même leur faire un signe ». La bande vidéo de cette chanson est à l’avenant, et les internautes ont pu découvrir avec effarement des femmes dénudées se frottant de façon indécente au drapeau français...

"Ces propos sont indiscutablement une atteinte à la dignité de l’Etat et de notre pays. La sauvegarde de notre pays, de notre démocratie et de nos valeurs républicaines est en jeu !

"S’il n’est pas question de remettre en cause la liberté d’expression, vivre dans une démocratie libérale ne signifie pas vivre sans limite. Les Lumières du XVIIIe siècle nous ont, en leur temps, appris que la liberté de l’individu s’arrêtait là où commençait celle des autres individus, et la cohésion de la collectivité.

Des législations récentes ont classé parmi les délits, les discriminations raciales, sexuelles, et morales. Il serait incompréhensible que ce renforcement légitime de la protection de la dignité des personnes ne s’accompagne pas d’une protection de notre pacte républicain et de notre société.

C’est afin d’éviter la propagation de discours de haine menaçant la cohésion nationale que le législateur, au regard de l’inadaptation de notre droit pénal, se doit d’intervenir en créant un délit d’atteinte à la dignité de l’Etat et de la France.

Tels sont, Mesdames et Messieurs, les objectifs de la présente proposition de loi.

Des atteintes à la dignité de la France et de l’Etat

« Art. 431-22. - Constitue une atteinte à la dignité de la France et de l’Etat, toute insulte, toute manifestation de haine, publiée, mise en ligne sur Internet, télévisée ou radio-diffusée, proférée à l’encontre du pays, de ses personnages historiques, des dépositaires de l’autorité publique ou de ses institutions.

« Constitue une atteinte à la dignité de la France et de l’Etat, le détournement du drapeau national.

« Art. 431-23. - L’atteinte à la dignité de la France définie à l’article 431-22, commise à l’égard d’une personne physique ou morale, est punie de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. »
http://www.assemblee-nationale.fr/12/propositions/pion2532.asp
L’Humanité du 30/11/2005 :
http://www.humanite.fr/journal/2005-11-30/2005-11-30-818936