Le Groupe Scolaire Saint-Denis, à Loches

Non content de vidéosurveiller les toilettes (ce que la loi interdit), l’infirmerie, le CDI, les couloirs et salles d’étude, le groupe scolaire Saint Denis prenait également les empreintes digitales des élèves à la cantine (ce qui est également interdit). En ayant oublier de demander l’autorisation de la CNIL !

Sur son site web, l’institution privée et catholique Saint-Denis, créée en 1858 à Loches, dans l’Indre et Loire (370 collégiens et 250 lycéens), se vante d’un taux de réussite supérieur à 90% au bac, et se présente comme “une ruche bouillonnante d’idées et d’activités“. Les élèves, eux, reconnaissent ses vertus pédagogiques, mais ne l’ont pas moins surnommé Alcatraz, Big Brother, ou la “prison“.

Dans son bureau de vie scolaire, Gilles Lemeunier, le “préfet de discipline” (sic) peut en effet surveiller sur son écran de contrôle ce que font les élèves dans les couloirs (une dizaine de caméras), les deux salles d’étude (deux caméras chacune), le CDI, les deux infirmeries, et les quatre toilettes.

Les caméras ? elles étaient déjà là lorsqu’il est arrivé à Saint-Denis, en 2003. Dans les toilettes ? Elles ne seraient pas“dans” mais à l’entrée des toilettes collectives : “il y a des sèches-mains électriques, et des porte-savons“, ils étaient dévalisés, et ça coûtait bonbon. Elles filment néanmoins qui entre dans les WC, quand, et pendant combien de temps, histoire de dissuader les jeunes de venir y fumer, et les couples de s’y retrouver. Les images seraient écrasées au bout de 2 ou 7 jours.

Des caméras dans les salles d’étude ? Pour “protéger les casiers” qui s’y trouvent. Celles de l’infirmerie ? “On n’a pas d’infirmière“ et elles filment les portes d’entrée, afin de vérifier que tout se passe bien, mais également que les élèves “malades” n’ont pas menti, ou que d’autres élèves ne viennent pas s’y cacher ou les y retrouver.

Les micros cachés dans les chambres ? La rumeur court depuis des années. Le préfet nie, mais plusieurs anciens surveillants confirment qu’ils existaient bel et bien, au dernier étage de l’internat des collégiens. Avec ce petit bémol : il ne s’agirait pas de micros-espions, mais de capteurs sonores déclenchant une alarme lorsque les internes font encore du bruit, passée l’heure du couvre-feu.

L’accès à la cantine est lui contrôlé, par un système biométrique de prise d’empreintes digitales, installé en 2004 parce qu’il y avait des “grands” qui prenaient la place de “petits“.

Le préfet de discipline affirmait tout avait été déclaré à la CNIL. La CNIL, de son côté, n’en avait jamais entendu parler. Suite à la publication d’une enquête (dont ces lignes sont tirées), le système de vidéosurveillance a enfin été déclaré à la CNIL (le... 1er avril), et les caméras dans les toilettes, ainsi que les bornes biométriques à la cantine, prestement retirées.