Cegedim et la Confédération des syndicats de médecins (CSMF)

Pour leur volonté conjointe de développer le "Dossier médical professionnel" (DMPro), qui manipule des données très personnelles. Cegedim est une multinationale qui tire ses (gros) profits du commerce des données de santé. La CSMF est la principale corporation de médecins en France, et semble se féliciter de l’extension du fichage de ses clients

Un des quatre principaux syndicats de médecins français, la Confédération des syndicats de médecins français (CSMF), vient de révéler son partenariat avec la société Cegedim pour la création d’un dossier médical patient informatisé, à l’usage exclusif des médecins : le DMPro (1).

Déjà primé aux BBA France 2002, cette société a été créée en 1969 par un groupe de laboratoires pharmaceutiques et s’est placée dès l’origine sur le créneau de la collecte d’informations à destination des départements marketing et vente des laboratoires. Pour ce faire elle a aussi informatisé les médecins et les pharmacies.

Actuellement leader en Europe dans la conception de données exclusives stratégiques et de solutions logicielles dans le secteur de la santé, elle commercialise ses données auprès des 400 premiers laboratoires pharmaceutiques mondiaux. Son objectif : savoir où se vendent les médicaments, et en quelles quantités ; qui en fait la prescription et pourquoi ; comment optimiser les ventes et mesurer l’efficacité des forces de vente et des actions marketing vente [1].

La CSMF se met très clairement au service des politiques d’informatisation de tout le secteur de la Santé que tentent d’imposer les ministres successifs depuis le Plan Juppé. Dernier avatar en 2004 : le projet de Dossier Médical Personnel (DMP) de Douste-Blabla, toujours pas opérationnel 4 ministres et deux GIE plus tard. La CSMF « salue » le 19 mars 2008 « l’initiative de la Ministre de la Santé (Roselyne) de relancer le chantier DMP » et le DMPro doit être la première étape qui jettera « les bases de la partie médicale » de ce dernier [2].
 Pour la CSMF ce dossier médical professionnel est conçu « dans l’intérêt du patient », de plus « il est gratuit », « aucune subvention publique n’a été demandée » ; « aucune double saisie des données », « c’est du simple, du robuste ».

La cogestion privée d’un tel projet, y compris dans le cas ou les données seraient anonymes, est contraire à l’esprit de la loi car il s’agit ici de traiter des « données sensibles » qui nécessite l’accord express des personnes.