La novlangue d’Alex Türk, président de la CNIL

Le président de la CNIL, qui "ne se bat plus sur le terrain de la sémantique", est toujours très en verve pour tourner des phrases orwelliennes. De la novlangue pur jus à lire sans modération.

Lire aussi son dossier principal qui a obtenu le "Prix Spécial du Jury".

Quelques citations non exhaustives d’Alex Türk...

« La CNIL veille à s’imposer comme un acteur incontournable, afin d’assurer un contrôle préalable et effectif pour s’assurer de la prise en compte effective des droits et libertés des personnes dans les dispositifs envisagés. »
 Cocasse et faux en ce qui concerne tous les fichiers publics. On sait que les avis de la CNIL sur ces fichiers sont purement consultatifs, et que la CNIL explique elle-même que tout son pouvoir est dans les "contrôles a posteriori" des fichiers (au demeurant effectués, souvent efficaces mais trop rares faute d’effectifs) [1].

A propos du vote de la LOPPSI, question du Nouvel Obs :
« Quelle est la position de la Cnil vis-à-vis de la loi Loppsi (...). Cet avis sera-t-il plutôt favorable ou défavorable ? »
« La Cnil ne rend jamais d’avis favorable ou défavorable. La Commission remet des avis sur des points précis, des analyses d’articles. Mais ce n’est jamais général et tranché. »  [2]
 C’est vrai : l’avis d’Alex Türk n’est "jamais tranché"... C’est bien le problème. Et il a la mémoire courte. Ainsi l’avis de la CNIL sur Cristina se limitait-il à un lapidaire « avis favorable avec réserves » . Voir le Recours Cristina

Plus loin : « La nouvelle loi Loppsi tient à parler de vidéoprotection, et non plus de vidéosurveillance. Qu’en pensez-vous ? » « Je ne me bats plus sur le terrain de la sémantique. Pour en avoir parlé avec plusieurs élus locaux de gauche comme de droite, le terme n’est pas important. Il est clair que la vidéoprotection, c’est de la vidéosurveillance. »
 et la Guerre c’est la Paix, mais les mots ne sont pas importants....

A propos du "livret des compétences", créé en catimini par l’Education nationale :
« Il n’appartient pas à la CNIL de solliciter une modification législative d’une telle portée ».
 Il était demandé au président si ficher les "compétences" d’un enfant tout au long de sa vie ne pouvait pas être considéré comme une "donnée sensible", comme les opinions politiques ou religieuses... M. Türk, en tant que sénateur et président de la CNIL est le mieux placé pour proposer cette modification au Parlement. Non ? [3]

« Au moins, du temps de la STASI, on avait le droit à l’insurrection. »
 Il a tenu ces propos — « une provocation » — devant ses collègues du Sénat en décembre dernier et en février 2010 lors du débat de clôture sur les nanotechnologies. [4]

A propos des 2 nouveaux fichiers PASP et EASP (remplaçants d’EDVIGE, retiré après la bronca d’associations reconnues), Alex Türk est content, a-t-il dit à Public Sénat :
«  Sincèrement, je ne suis pas coutumier du fait (sic), mais je trouve qu’un effort considérable a été fait [par le gouvernement]. Il n’y a plus d’interconnexion possible [deux fichiers "séparés" au lieu d’un seul...], on a enlevé tout ce qui touche à la vie sexuelle, la santé, etc. Mais surtout on a obtenu la traçabilité : on saura qui accède aux fichiers et pour quelles raisons... (...) La mention des origines géographiques ? C’est nous même qui avons travaillé avec le ministère pour proposer cette formule. »  [5]
 Tout ce qui touche à la vie sexuelle, la santé, etc atterira dans Cristina, un autre fichier frère tout aussi "secret", ou le prochain fichier de lutte contre les délinquants-violents-en-bandes-des-cités, qui échappera au contrôle a priori de la CNIL. Quant à la traçabilité, si elle est aussi au point que pour le STIC et Cassioppée, ça promet de jolies fuites de fiches.

Encore un petit effort et M. Türk va nous dire que "le contrôle c’est la liberté ! "