Michel Destot, maire de Grenoble

Connue pour sa longue implication dans les nanotechnologies, la ville de Grenoble réaffirme son goût pour la surveillance et l’opacité, en installant clandestinement des caméras dernier cri sur le trajet des grandes manifestations.

La ville de Grenoble et l’entreprise Inéo (filiale de Suez) installent aux mois de janvier et février 2010 des caméras « 360° » dans les rues grenobloises. Pas un communiqué de presse, pas un mot dans Les Nouvelles de Grenoble, organe de propagande de la municipalité, pas une ligne dans Le Daubé pourtant toujours prompt à relayer les « initiatives porteuses » de la ville, pas un seul papier glacé dans les boîtes aux lettres et - comble du ridicule - aucune réunion « participative » chère à la municipalité Destoniene. Des caméras installées sans en avertir la population et sans soumettre cette proposition au conseil municipal [1].

Un journal local raconte une scène qui s’est déroulée peu après lors d’une réunion politique :

« Vous avez honte de vous exprimer à propos des caméras ? » L’air énervé, Michou se lève et monte à la tribune. C’est parti pour une leçon de manipulation politique. Il commence en expliquant que les caméras ont été installées il y a longemps dans les bus et les trams.« Si on enlevait les caméras des trams et des bus, l’ensemble de la population protesterait (...) »

Il poursuit en expliquant : « Effectivement, avec de nombreux partenaires, associations, collectivités territoriales, préfecture et la ville de Grenoble, nous sommes en train d’étudier l’implantation de nouvelles caméras. Mais pour l’instant, ELLES NE SONT PAS INSTALLEES ! Et elles ne seront pas installées sans l’accord d’un comité d’éthique. ». Vives protestations dans la salle. « Vous mentez, les caméras sont déjà là ! » [2].

Quant à son adjoint à la sécurité, Jérôme Safar, il dit tout et son contraire :
« Nous, nous souhaitons développer [le système de vidéosurveillance] de façon maîtrisée. On va pas mettre des caméras partout, je le dis très franchement. En revanche on va en mettre dans tous les secteurs de la ville » (Source : Postillon n°5)

Par ailleurs :
 en 2005 la ville s’était déjà distinguée en utilisant des quartiers populaires comme lieu d’expérimentation de technologies de "vidéodétection" des comportements "suspects" (cf dossier BBA 2005) ;
 la ville de Grenoble et son maire sont connu aussi pour avoir imposé à la population le fameux centre de recherche Minatec, temple européen des nanotechnologies, bien avant d’organiser de pseudo "débats citoyens" (cf dossier BBA 2006), qui serviront de ballon d’essai à la campagne nationale "d’acceptation" organisée par le gouvernement en 2009/2010 ;