Suite à une décision du conseil municipal prise le 24/04/2000, la ville de Lyon s’est équipée d’un système de vidéosurveillance d’une importance exemplaire pour une agglomération de cette taille en France. C’est un véritable maillage de la ville qui s’est mis en place, capable de surveiller une personne dans ses déplacements, ses achats, ses activités militantes. Les associations locales ont noté une utilisation discriminatoire de la surveillance - caméras installées sur les lieux de rassemblement (place des Terreaux, Bellecour) et les parcours des manifestations.
A CHARGE (1)
Après La Duchère, quartier "HLM" dans le 9ème arrondissement, un réseau de 48 caméras a été installé au centre-ville de Lyon. Au centre de ce réseau fonctionne depuis mars 2001 un PC municipal qui visionne et enregistre 24H/24H les images des axes les plus commerçants de la ville, les grandes places publiques et les bâtiments symboles de l,agglomération (Hôtel de Ville, Chambre de commerce, Opéra...) ainsi que d,utilité publique (ANPE, poste).
Ce projet a vu le jour sans aucune publicité : consensus politique, pas de débat de fond, aucun bilan des villes déjà équipées et consultation limitée au cercle municipal.
Ce dispositif est capable de zoomer sur des personnes pour obtenir une photo d,identité à 100 m de distance. De plus, il est complété par la présence de caméras dans les transports en commun lyonnais (bus, métro et tram) : c,est un véritable maillage de la ville qui s,est mis en place, capable de surveiller une personne dans ses déplacements, ses achats, ses activités militantes.
Le collectif Non à Big Brother souligne en effet l’utilisation discriminatoire de ce système de surveillance. Il semble que les principales catégories visées soient d’abord les pauvres, et tout particulièrement les SDF de la place des Terreaux ; mais aussi les militant-e-s : il se trouve que les caméras sont installées sur les lieux de rassemblement (place des Terreaux, place Bellecour) et les parcours des manifestations (rue de la République). Enfin, les "jeunes des banlieues"’ réduits à un épouvantail sécuritaire, sont filmés non seulement chez eux (la Duchère, Vaux-en-Velin)’ mais aussi sur les lieux de transit en centre-ville : la place Bellecour (noeud de transports en commun)’ la rue de la République (principale artère commerçante)’ les Terreaux et notamment la rue Sainte-Catherine (quartier de sorties nocturnes avec bars et boîtes)...
Enfin, un certain nombre de questions reste sans réponse. L’accès à l’image, théoriquement garanti à n’importe quel citoyen, reste problématique : il est en effet impossible à un-e individu-e de consulter les bandes le concernant si une tierce personne est présente à l’image, enregistrée dans un lieu public... On peut également s’interroger sur l’efficacité technique des "caches"’ censés empêcher que les caméras filment l’intérieur des appartements par les fenêtres. Enfin, M. Touraine (1er adjoint à la ville de Lyon) a annoncé dans la presse trente interpellations grâce à la vidéosurveillance : ces personnes ont-elles été prises en flagrant délit ? Comment s’est déroulée leur interpellation ? De quel type de délits s’agit-il ? Bref, le flou règne...
De fait, cette mesure est à replacer dans une logique d’urbanisme voulant faire du centre-ville un quartier vitrine où commerces et touristes ainsi que populations aisées auront remplacé la partie la plus fragile des habitant-e-s : pauvres, chômeurs/euses, immigré-e-s, précaires.
COMPLEMENTS
La municipalité complète ce dispositif avec une politique d’assainissement social et politique. D’après des associations locales :
"Monsieur Collomb a décidé de faire de sa ville une ville propre : plus de tags, plus d’affichage sauvage, de verre brisé ou de crottes de chien. Les amendes vont jusqu’à 25 000 francs pour affichage ou graffiti, et 250 francs pour les crottes : voilà la liberté d’expression ramenée, d’un même coup de balai, dans le caniveau avec la merde. Ce faisant, la majorité municipale oublie que pour de nombreuses associations et groupes d’individu-e-s (salles et troupes de théâtre, artistes, syndicalistes, militant-e-s, organisateurs/trices de concerts, rêveurs/rêveuses)’ l’affichage libre (dit sauvage) est un moyen d’expression essentiel, vital et économique, pour rendre publiques ses idées, ses réflexions et ses projets."
Source : "Affichage libre pour la liberté d’expression"’ http://acrhone.free.fr/
A Lyon, l’affichage libre en danger !
Un petit groupe d’individus s’est donc réunit afin de tenter de réagir au plus vite et une manifestation de protestation est rapidement organisée, le temps de prévenir les gens et les associations intéressés. Le principe était simple, amener son seau de colle, son pinceau et ses affiches pour venir coller ensemble sur les pentes de la Croix-Rousse, dans un moment voulu festif et qui changerait un peu des manifs flan-flan traditionnelles.
Il est vrai que nous n’avons pas pris la peine de demander l’autorisation en Préfecture, c’était refusé d’avance, mais nous avons quand même été un petite centaine de personnes à y participer, dans la joie et la bonne humeur. C’était vraiment marrant de bloquer la circulation et de coller partout où c’était possible, il y avait vraiment une super ambiance... Jusqu’au moment où une quarantaine de C.R.S. (accompagnés de civils de la B.A.C.) , surgissant de derrière notre dos se sont mis à nous matraquer violemment, sans aucune sommation, ni pourparlers... Ils sont arrivés et ont frappé. Fort. Bilan : une dizaine de blessés (dont un flic), 4 arrestations, une inculpation grave ("Résister avec violence à 3 policiers", passible de 6 mois de prison et de 7622 euros d’amende, "Outrage à agent de la force publique : "bande de fachos"" passible de 6 mois de prison et de 7622 euros d’amende, "Violence sur un agent de la force publique entraînant une interruption temporaire de travail de plus de 8 jours ?, 5 ans d’emprisonnement et 76224 euros d’amende, "Violence sur trois agents aggravée par une arme (pierre) et par le fait que ça soit fait sur un policier", 3 ans de prison et de 15245 euros d’amende)... On a fait que coller des affiches avec de l’eau du papier et de la colle à tapisser ! Ironie du sort, c’est à l’endroit même ou la révolte des Canuts est tombée que l’on s’est fait matraquer.
Sources : http://www.samizdat.net/nopasaran/janv02/lyon.html & http://www.multimania.com/affichagelibre/