En 2008 la RATP et la régie publicitaire Metrobus ont annoncé le lancement d’une série d’écrans publicitaires dotés de "capteurs" capables de compter le nombre de passant et d’analyser leur réaction. La société Majority Report a fourni cette technologie, directement emprunté à la vidéosurveillance dite "intelligente", qui permet potentiellement d’identifier une personne même si le système est "vendu" comme une interface qui n’est pas "conçue" pour enregistrer des données personnelles.
La société parle, pour décrire l’un des ses produits, de "automated machine vision" (de la "vision automatique", point de caméras, donc) qui "diminuent les problèmes de vie privée : les gens apparaissent juste comme des formes mouvantes sans visage". Mais un autre produit décrit au contraire un système permettant "d’isoler des visages de décors complexes" tout en étant capable de "traquer plusieurs visages en simultané" [1].
Majority Report est sur le même créneau que son concurrent Quividi, qui présente son savoir-faire comme "une percée majeure en mesure d’audience", qui produit automatiquement et en permanence un flux temps réel de données d’audiences.
Pour cela il a recours à des "webcams standards placées à proximité des médias mesurés et dirigées vers les spectateurs qui lui permette d’analyser le flux d’images fourni par la caméra et d’estimer le nombre de personnes passant devant le média. Il compte combien de ces personnes ont réellement porté leur regard vers le média et livre, pour chacun de ceux-là le temps de présence, le temps d’attention et le profil démographique. D’ici la fin de cette année, nos algorithmes permettront de définir à quel groupe d’âge (enfant, adulte, personne âgée) appartient un spectateur, s’il porte des lunettes, une casquette, un iPod, une cravate, s’il a les cheveux bouclés ou pas. (...) Les images ne sont ni enregistrées, ni stockées, ni même exploitables par une quelconque autorité de contrôle. Seuls sont conservés les résultats de l’analyse permettant la mesure d’audience." [2].
Néanmoins, la vidéo de promo que la société met en avant montre une toute autre réalité. Comme en convient le patron de Quividi, "certains clients nous ont toutefois demandé d’analyser des vidéos tournées par des caméras installées" [3]. Comme quoi entre mesure d’audience et surveillance, la marge est mince. En attendant c’est à la justice qu’ils devront fournir leurs premières explications [4].