Bien avant que l’état d’urgence soit décrété, la police d’Annonay, en Ardèche, a senti le « péril imminent » que représentent les collégiens pour l’Ardèche. Fin septembre, elle trouvait un arrangement avec le principal d’un collège pour récupérer les photos des gamins. Au cas où.
Un trombinoscope, vous savez, c’est cette feuille avec les noms et les photos des élèves d’une classe que les professeurs principaux transmettent à leurs collègues, en début d’année, afin qu’ils puissent mettre un nom sur une tête et une tête sur un nom.
Deux enseignants, découvrant que le principal du collège Les Perrières d’Annonay avait transmis, en 2004, les trombinoscopes de l’école au commissariat, lui ont demandé si ce transfert de données reposait sur une base juridique. “Non”, a répondu le principal, pour qui ce transfert de fichiers s’est fait "sur la base des bonnes relations personnelles que j’entretiens avec le commissariat”. Et quand ils lui ont demandé si cela ne lui posait pas de problème, compte tenu du contexte actuel (chasse aux sans-papiers, etc.), il leur a répondu : “Aucun problème”.
Le directeur de cabinet du préfet reconnaît que le fichage étant « illégal », il n’existe « pas de fichiers d’élèves au niveau policier ». La réquisition des trombinoscopes aurait été faite dans un « cadre judiciaire diligenté par le procureur » suite à l’agression, mi-septembre, d’un collégien par l’un de ses camarades à la sortie des cours. Mais quel est ce « cadre judiciaire » ? « Une demande formulée oralement » par le procureur dans une affaire où aucune plainte n’a été déposée...