Explications : Le préfet des Pyrénées-Atlantiques, Philippe Grégoire, fait partie des heureux hauts fonctionnaires à tester en avant-première les mesures du gouvernement pour prévenir la délinquance des mineurs. Les cobayes ? Les habitants de l’Ousse-des-bois, en banlieue de Pau.
Comme le rapporte l’envoyé spécial du Monde : « Au mois de mars, l’inspecteur d’académie des Pyrénées-Atlantiques, Jean-Michel Eple, a adressé deux lettres aux chefs d’établissements secondaires de l’agglomération paloise pour obtenir des "renseignements" sur les élèves qui résident à l’Ousse-des-Bois. Dans un premier courrier, envoyé à la mi-mars, il était seulement question de "données statistiques" : "taux de passage dans les classes supérieures", "taux de réussite aux différents examens", etc. Deux semaines plus tard, les proviseurs et principaux de Pau reçurent une seconde missive, en date du 30 mars, qui les invitait à "affiner l’enquête en cours". L’inspecteur d’académie réclamait "une liste récapitulative des jeunes de l’Ousse-des-Bois- (...) comportant (...) nom, prénom, date de naissance, adresse, classe fréquentée, profil scolaire (...), difficultés rencontrées (de toute nature)". Il désirait aussi "connaître tout départ de ces jeunes en dehors du système scolaire au-delà de leurs seize ans".
« Commandée par le préfet des Pyrénées-Atlantiques, Philippe Grégoire, cette recherche poursuivait un objectif : construire des "instruments de lecture" de manière à engager une "politique innovante en matière de répression et de prévention de la délinquance" dans la cité de l’Ousse-des-Bois, prétend le représentant des services de l’Etat. Pour "fournir des parcours d’insertion", il est indispensable d’avoir des "données précises", argumente-t-il. "Si on ne connaît pas les situations, on parle, on bavarde et puis c’est tout."
« Ce "processus constructif" avait été engagé à la suite des instructions données, à la mi-janvier, par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. L’Ousse-des-Bois figurait, en effet, parmi les 23 sites nécessitant - aux yeux du gouvernement - une action prioritaire pour combattre les "violences urbaines" et l’"économie souterraine". »