Outre sa passion pour le pape Jean-Paul 2 pour lequel il a fait érigé une statue géante, le maire de cette petite ville bretonne multiplie les caméras de vidéosurveillance : une trentaine sont installées (bientôt une cinquantaine), alors que Ploërmel compte 9.100 habitants.
Le maire Paul Anselin, à la tête de la commune depuis 29 ans, se justifie face à la presse : "Il n’y a pas ici plus de délinquance qu’ailleurs. Il s’agit de dissuader, d’éviter une dérive qui une fois engagée est difficilement contrôlable". Le conseiller régional, qui se présente comme un "fidèle de Jacques Chirac" qui lui a "sauvé la vie" pendant la guerre d’Algérie, projette une quinzaine de caméras nouvelles en 2006. Elles s’ajouteraient aux trente caméras fixes autorisées par la préfecture en février 2005 et installées aux abords de huit bâtiments publics et sur le parking des cars scolaires.
Les images, visionnées uniquement en cas de problèmes, doivent être détruites au bout de 10 jours, selon le maire. "J’anticipe", commente l’ancien sous-préfet qui "aime la démarche et le langage de Nicolas Sarkozy", en prédisant que la vidéosurveillance va se généraliser en France sur l’exemple de la Grande-Bretagne. "Nous avons voulu protéger ces bâtiments de dégradations que certains avaient déjà subi, et lutter contre la délinquance itinérante. Quand vous avez 4.000 jeunes qui sortent de classe, vous ne pouvez pas repérer les dealers. D’où les caméras", poursuit le maire.
Et si des caméras supplémentaires sont envisagées, c’est que de nouvelles infrastructures de loisirs sont prévues et que les "dealers se sont déplacés" (sic).
Cas symptomatique : à l’école maternelle publique, alors que des caméras surveillent déjà l’extérieur du bâtiment, le maire a fait en sorte d’en mettre une dans le couloir d’entrée. [1] Pour "dissuader les voleurs potentiels". M. Anselin a toujours affirmé publiquement qu’il répondrait favorablement à une demande de video-surveillance formulée par un quartier qui estimerait que sa vie est perturbée par des "sauvageons".
Autres signes des tendances populistes de M. Anselin :
– un numéro vert a été créé pour permettre à tout ploërmelais, qui trouve son voisin un peu bruyant, d’appeler la police municipale qui, en fonction du degré de gravité des faits, se déplace ou non, ou encore contacte éventuellement la gendarmerie.
– quand un citoyen veut entrer dans une association, il doit signer une sorte de "charte de bonne conduite". La municipalité vérifie ensuite la liste des signataires pour voir ceux qui sont dans les clous et ceux qui font de la résistance.
NB : Dossier mis à jour le 12 janvier 2007