En janvier 2007, un éleveur des Alpes de Hautes Provence, Nicolas Bonanni, publie un long article en forme de plaidoyer pour arrêter l’hypocrisie qui consiste à multiplier les recours au traçage des animaux par puce RFID, sans qu’aucun débat ne s’instaure car il s’agit d’animaux. Car au 1er janvier 2008, un règlement de l’UE entre en application, celui « établissant un système d’identification et d’enregistrement des animaux des espèces ovine et caprine ». [1]
Un extrait de l’article de Bonanni, intitulé simplement « Des moutons et des hommes, résume assez bien son propos :
« Mon oncle Philippe, éleveur de brebis à la retraite, me disait que cette « traçabilité », bonne pour le bétail, devient dangereuse utilisée sur des humains. Je crois qu’il se trompe : la question à poser n’est pas celle des usages, mais celle des mondes. Je m’explique. Bien sûr, toutes ces technologies ont leurs côtés « positifs » et leurs côtés « négatifs ». Mais elles ne sont pas neutres : elles sont indissociables du monde qui les produit et qu’elles viennent renforcer : le monde moderne, gouverné par la marchandise. Ici, les sciences et les techniques servent avant tout à renforcer le pouvoir de la classe dominante. Elles sont mises au service de la production aliénée et du contrôle social. Tous les dispositifs qui s’appliquent au bétail s’appliqueront un jour aux humains, avec pour objectif que le troupeau humain se comporte normalement, et non librement. Voulons-nous d’un monde prêt à pucer les humains ? »
En août 2007, un collectif d’éleveurs a repris les arguments de Bonanni dans un appel à la résistance : « Pourquoi nous refusons le marquage électronique des brebis » [2]