Explications : Le conseil municipal de Marseille a adopté, lundi 25 novembre, une délibération afin d’installer 60 caméras dans le centre-ville. Le processus doit démarrer en 2003 avec une demande d’agrément auprès de la préfecture, le choix du matériel et d’un bureau d’études chargé d’évaluer les résultats.
Pour légitimer la solution vidéo comme "arme antidélinquance", c’est le quartier populaire de Noailles qui a été choisi comme "quartier pilote" : "C’est un quartier populeux, constitué d’un marché matinal, place Noailles, de la rue Longue, étroit boyau de commerces de bouche ouverts toute la journée, et de quelques rues occupées par des coiffeurs africains, des snacks ou des boutiques de téléphone, où les logements sont souvent très dégradés (...). Dans ce lieu emblématique de Marseille, où les plus pauvres viennent s’approvisionner, se pressent vendeurs à la sauvette, marchands de cigarettes de contrebande, dealers et pickpockets." (1)
Par ce geste symbolique le conseil municipal et son maire Jean-Claude GAUDIN participent à la stigmatisation de l’insécurité auprès de populations précaires et prend à nouveau les plus défavorisés comme "présumés coupables". Le tout profitant de l’alibi soi-disant "dissuasif" de la surveillance par caméras interposés.
Témoin : "les deux associations les plus actives du quartier affirment n’avoir pas été consultées sur ce projet précis qu’elles estiment sans effet sérieux..." dit Le Monde. Alain Corci, président de l’asso "Ensemble pour la Sécurité et la Citoyenneté (DESC)" : « L’insécurité et l’insalubrité, qui sont indissociables » dit-il. « La vidéosurveillance n’est pas la solution pour Noailles, [dans les réunions auxquelles (j’ai) assisté, avant les élections, la question des caméras n’a jamais été évoquée]. »
"Le collectif Ombres et Lumières, qui rassemble quelques-uns des 3 000 habitants de Noailles, est sur la même longueur d’onde et (...) souligne ce qui lui paraît essentiel : « L’absence totale de continuité dans les politiques mises en place », qu’il s’agisse de l’insalubrité, de la voirie ou de la lutte contre la toxicomanie. Un de ses porte-parole, Damien Brochier, sourit : « En fait, hors période électorale, personne ne vient : les caméras ça permet de rester dans le virtuel. » (...) Le dispositif de vidéosurveillance va donc être installé sans avoir fait le bilan des mesures précédentes avec les riverains et les commerçants."