Syndicat national des professionnels infirmiers

Le SNPI conteste la décision de la direction de l’hôpital Saint Louis de l’AP-HP, qui souhaite généraliser l’identification des malades par des bracelets dotés d’un numéro et d’un code barre.

En l’an 2000, l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) avait proposé de doter tous ses patients d’un bracelet d’identification, comportant nom, prénom, date de naissance, numéro d’identification et un code barre. A l’époque, le projet avait été massivement rejeté par les professionnels de santé, qui avaient mis en avant les nombreux enjeux éthiques soulevés par une généralisation de ces bracelets.

En décembre 2007, l’hôpital Saint Louis a commencé à doter ses patients de tels bracelets, arguant du fait qu’"il s’agit d’un verrou supplémentaire venant en complément de l’ensemble des dispositifs de sécurisation des patients de l’hôpital", et que l’accord du patient est indispensable.

Le Syndicat national des professionnels infirmiers (CFE-CGC) proteste : "au départ, seul les patients incapables de décliner leur identité devaient le porter, mais la pratique s’est rapidement généralisée à l’ensemble des patients. Je comprends que l’on pose des bracelets aux nourrissons ou aux personnes incapables de décliner leur identité, mais l’appliquer à tous est une démarche tout à fait différente. On ne bague pas des malades comme on bague des pigeons. De plus, le personnel est également vexé par cette pratique : nous sommes tout de même capables de reconnaître nos patients ! C’est dur à avaler".

Dans une lettre ouverte, le SNPI a saisi le ministère : "lorsqu’une personne hospitalisée est capable de décliner son identité, lui demander de "s’étiqueter" revient à le nier en tant que personne, à lui faire quitter sa qualité de "sujet, objet de soins", pour en faire un "objet des soins". Agir ainsi pose de réels problèmes éthiques, et va à l’encontre de la démarche soignante".

Le SNPI raconte ainsi le désarroi d’une infirmière face à un patient, ancien déporté : « Mademoiselle, je n’ai pas besoin de votre bracelet, j’ai déjà un numéro d’identification de tatoué », et qu’elle n’a donc plus pu soigner.

Le SNPI estime ainsi que "même en dehors de l’aspect stigmatisant, le bracelet induit un rapport de docilité, de contrôle, de soumission, qui va à l’encontre des valeurs du soin. En mettant un bracelet, un patient ne peut plus être dans un rapport égalitaire avec le soignant. Qui plus est, c’est l’infirmière que l’on instrumente pour imposer ce bracelet, alors qu’au contraire l’infirmière est là pour défendre la valeur et la dignité humaine du malade au sein de l’univers hospitalier.

Une pétition est toujours ouverte :
http://www.syndicat-infirmier.com/a...