Explications : L’adjoint au maire de Marseille chargé de la sécurité, José Allegrini, s’époumonne à justifier la surveillance vidéo comme facteur de dissuasion et de baisse de la délinquance...
Témoignage glanés par un journal indépendant marseillais, Le Ravi : « Malgré l’absence de résultats tangibles lors de l’expérience de vidéosurveillance dans le quartier Noailles, Marseille s’apprête à étendre le dispositif - onéreux - rue Saint-Ferréol, la principale rue piétonne du centre-ville.
« "Contre l’insécurité, ne cherchez pas d’instrument miraculeux hors du périmètre cinématographique et de la baguette d’Harry Potter". La formule est signée José Allegrini, le sémillant adjoint marseillais délégué à la police municipale et au Contrat local de sécurité. Avocat de métier, il a plaidé mi-juillet, devant les journalistes du cru, pour défendre le premier bilan officiel du dispositif "expérimental" de vidéosurveillance inauguré il y a 17 mois dans le quartier Noailles. L’heure n’est pas vraiment au triomphalisme. "Les plus grands détracteurs de ce projet avaient faussement investi une attente totale à l’égard des caméras pour mieux les décrier par la suite, explique l’élu. Elles ne sont qu’un moyen parmi d’autres dans la gamme de tous les moyens". Même "le" chiffre censé valider la pertinence de l’expérimentation - "une baisse de 20% des faits constatés sur le secteur vidéosurveillé" - est présenté avec des pincettes : le dossier de presse précise que ce pourcentage, "flatteur mais fragile", doit être "considéré comme non représentatif sur une si petite zone"... (...)
« "Je ne sais pas comment M. Allegrini arrive à ce chiffre de 20 % de délinquance en moins dans le quartier", s’étonne Alain Corci. Avant le début de l’expérience, cet animateur d’Ensemble pour la sécurité et la citoyenneté (Desc), l’association des commerçants du quartier, avait pourtant déclaré, en décembre 2002, "les caméras, c’est mieux que rien". Poissonnier dans la rue Longue des Capucins, il a vite déchanté. "Les délinquants agissent comme autrefois à visage découvert, explique-t-il. Pour prendre un seul exemple, depuis qu’une caméra est braquée 24 h sur 24 face au distributeur de billet rue Papère, il y a toujours autant de vols à la tire." Noailles est connu dans la ville, et au-delà, pour le spectacle de ses marchands de cigarettes de contrebande. Les vendeurs à la sauvette, toujours aussi nombreux, y prospèrent plus que jamais alors que les prix du tabac ne cessent d’augmenter. "Si demain la délinquance à Marseille se limitait au trafic de cigarettes, ce serait le bonheur", se justifie José Allegrini tout en regrettant l’absence d’outils juridiques adaptés à une répression efficace. (...)
« Faute de pouvoir produire des statistiques éblouissantes, l’adjoint de Jean-Claude Gaudin n’hésite pas à recourir à l’argument ultime et imparable : les caméras contribuent à la lutte "contre l’incivilité et pour la propreté" : "La vidéo protection nous a permis de mettre le doigt sur des plaies que les pudibonderies locales avaient camouflées sous le couvert de la petite délinquance de Noailles", s’enthousiasme enfin José Allegrini. 214 000 euros pour constater que les détritus encombrent les rues de Noailles ! »