MM. Ghenassia, directeur de la sécurité, et Cazenave, procureur du Var

Nommés conjointement pour avoir mis en place, début décembre 2007, une messagerie Internet sur laquelle ils "invitent" les citoyens à signaler des délits, et l’avoir défendue par une novlangue particulièrement exemplaire

Une adresse e-mail aux consonances un peu particulières : police.83@interieur.gouv.fr. C’est ce qu’a expérimenté la police nationale dans le Var en décembre 2007.

Dixit Var Matin du 5/12/07 : « Après une expérimentation menée dans une grande métropole puis, plus récemment, en région parisienne dans le cadre des émeutes dans les banlieues, le Var s’apprête à devenir l’un des tout premiers départements à mettre en place un système élaboré par la direction centrale de la sécurité publique. En cette fin d’année 2007, un serveur installé au centre d’information et de commandement (CIC), au 4e étage du commissariat central de Toulon, va être à même de recevoir des messages pour le moins particuliers, par lesquels les Varois demeurant dans les secteurs du ressort de la direction départementale de la Sécurité publique, pourront signaler les crimes et délits qu’ils constateront ! Il leur sera même possible de transmettre, en pièces jointes, des images ou des vidéos, par exemple prises avec des téléphones portables... »

Pour le grand chef des policiers du département, Jean-Pierre Ghenassia (directeur de la sécurité publique), ce système relève « d’une contribution civique, d’un devoir citoyen ». Rien à voir avec un appel ou une invitation "autorisée" à la délation, alors que rien ne permet en l’état de garantir que le dénonciateur déclinera bien son indentité ; si cela peut être anonyme, c’est de la délation.

Mérite également d’être cité dans ce dossier, le procureur de la République de Toulon, Pierre Cazenave. Pour lui, ce système « n’est qu’un moyen supplémentaire de communication entre le citoyen et la police et non une incitation à la délation  », a indiqué à l’AFP le procureur a rejeté l’idée qu’il s’agisse « d’un mode de délation à la manière de Vichy ». « C’est un système d’appel qui va avec le monde moderne (...) la démarche est à l’initiative du citoyen ».

Finalement, devant les protestations, et notamment celles de l’Unsa83, Jean-Pierre Ghenassia déclarait le 12 décembre que ce projet conçu pour recueillir « les témoignages spontanés anonymes » était « suspendu », ajoutant qu’il « n’avait jamais voulu une telle polémique ». Le fait qu’ils aient décidé de suspendre cette mesure, sans qu’il ait été question d’ailleurs de l’abandonner, ne les prive pas de leur droit fondamental à figurer parmi la sélection des Big Brother Awards.