Groupe Thales (ex-Thomson CSF)

Depuis toujours Thales délivre un discours commercial e t des produits destinés à nous assurer un avenir toujours plus surveillé...

Explications :

La société d’électronique de défense Thalès (ex-Thomson CSF) se distingue par l’ensemble de son oeuvre, et plus précisément pour son large éventail de technologies sécuritaires. Depuis ses panoplies de vidéosurveillance éparpillés dans les espaces publics, jusqu’à ses dispositifs de contrôle des individus ou des réseaux de communication publics - notamment l’internet. Thalès compte de surcroît parmi ses clients les États les plus totalitaires.

Son dernier concept, mis en exergue au salon Milipol de Paris (novembre 2003), résume à lui seul la philosophie de l’entreprise : Thales SHIELD (Strategic Homeland Intelligence and Electronic Deterrence). Présenté comme une solution globale pour la sécurité du territoire, Shield s’avère omni-intrusive et gravement attentatoire aux libertés de circuler et de communiquer en privé. Ce produit a été vendu dans plus de trente pays.

Comme son nom l’indique, SHIELD est un outil d’intelligence et de dissuasion. Il collecte et analyse des renseignements, surveille communications et réseaux, contrôle les frontières et les espaces aériens, terrestres, maritimes. Thalès emploie les technologies les plus sophistiquées afin d’entraver la libre circulation des individus, au point de détecter tous mouvements suspects et autres informations "dangereuses". Son principe : tout individu est suspect d’atteintes à la sureté de l’Etat, toute personne à proximité d’une frontière est un potentiel clandestin. Des principes qui bafouent les droits fondamentaux (1).

Un dossier de presse distribué au salon Milipol résume les autres "compétences" de Thalès : "caméras thermiques (portée de 10 km) pour la recherche d’individus indésirables", système de détection d’infraction sous-marine non seulement autour des zones militaires, nucléaires, gouvernementales, mais aussi des "plate-forme de forage, raffineries ou palais royaux" (sic). Pour tracer les individus, l’entreprise déploie une ingéniosité sans borne : solutions d’identification, d’authentification et de contrôle d’accès avec biométrie intégrée (un contrat de cartes d’identité en Chine a valu à Thalès une nomination aux BBA 2002), système de reconnaissance de plaques minéralogiques et de calandres, systèmes globaux de vidéosurveillance couplés à des logiciels d’analyse intelligente d’image, systèmes de délivrance de documents d’identité, détecteurs portatifs pour une prétendue "détection en temps réel" (l’affirmation n’est pas scientifiquement établie)...
Signalons aussi les systèmes de commande et de contrôle destinés aux forces de police (leurs ancêtres, RITA et Socrate, ont été un temps réputés pour leurs dysfonctionnements) et les systèmes de surveillance des télécommunications.

Un exemple d’application ? Thalès cite "le système d’information de commandement, de contrôle et de communications" réalisé pour la ville de Porto Alegre, lieu des premiers rendez-vous altermondialistes (2) !

Le catalogue propose aussi des brouilleurs - parfaits pour la "guerre électronique" - ou des systèmes optroniques servant aussi bien au contrôle de la violence urbaine qu’à celui de la circulation. Sans oublier "Net Spyder", vendu pour contrôler les communications internet "dans l’infrastructure téléphonique commutée", "chez les fournisseurs d’accès" ou "dans l’infrastructure internet elle-même".

Les brochures de l’entreprise maquillent parfois son orientation ultra-sécuritaire aux couleurs de l’humanitaire et de la bonne conscience écologique. Elles présentent des "applications vertes" (sic), des détections de "pollutions en mer" (très lucratives), des "formations de pilotes handicapés", allant jusqu’à assurer la "surveillance d’espèces animales sauvages", voire "en voie de disparition"... Tout est bon pour donner à ces technologies de contrôle une image positive. Nulle part n’est évoquée la possibilité d’une utilisation moins rose de ces outils(3).

Thalès annonce un chiffre d’affaires global de 11,1 milliards d’euros. La société en réalise 75 % hors de France, 61 % dans la défense et 23 % dans ce qu’elle nomme pudiquement le "pôle Technologies de l’Information et Services". En clair, la surveillance et le contrôle civil, où elle écoule ses technologies militaires.

Thalès a adopté comme devise "Toujours mieux satisfaire ses clients" et comme slogan, "Pour un avenir plus sûr". Traduction : "Toujours mieux satisfaire ceux qui contrôlent", "pour un avenir plus surveillé".