La Cité des sciences et de l’industrie de la Villette, et son directeur Jean-François Hébert, est nominé aux BBA pour une exposition sur la biométrie intitulée "Le Corps identité".
Faire accepter les armes biométriques dès la plus tendre enfance : voilà la volonté affichée du Gixel en 2004, ce qui a valu à ce groupe d’industriels de sortir de l’ombre (cf son Livre bleu qui a obtenu l’Orwell Novlang en 2004). Avec cette "expo" à la Villette, le Gixel a trouvé un allié de poids. Car cette exposition est soutenue, et a même été organisée conjointement ("co-producteur" !), par l’industriel du groupe Safran - Sagem Morpho, membre du Gixel, fabricant et intégrateur de systèmes biométriques multiformes, autant pour des entreprises que pour des Etats, et parmi eux pas toujours les plus respectables ! Sagem est plus que connu de "nos services" puisqu’ils ont décroché le prestigieux Orwell "Ensemble de son oeuvre" de notre 1ère édition (BBA 2000).
Depuis, Sagem fait toujours partie des plus gros traficants mondiaux de ces technologies, et on imagine bien avec quelle impartialité ses experts ont apporté leur rigueur scientifique à une telle "expo" !
Le meilleur, c’est la participation de la CNIL comme "partenaire technique". De nombreux panneaux informatifs développent ses fonctions et ses recommandations. Pour renforcer le caractère didactique et prétendument objectif de l’exposition, on a droit à des enregistrements sonores d’opposants comme la présidente de l’association IRIS. La CNIL, qui autorise pourtant que des enfants soient contrôlés par biométrie dans les cantines ! A quand une exposition sur les dernières technologies de l’armée sponsorisée par Dassault et la LDH ?
Merci aux médias complaisants qui profitent de cette expo pour aller dans le sens du poil. Notamment France Inter (émission Osmose) qui a ouvert son antenne à une membre du "comité scientifique" de l’exposition, Bernadette Dorizzi - sans aucun opposant en face. Elle enseigne à l’INT (instutut national des télécoms, école d’ingénieurs publique) et est responsable de plusieurs projets biométriques à vocation industrielle.
Pour une visite guidée et décrypter les travers de cette parodie d’exposition scientifique, lire le compte-rendu publié par "Souriez vous êtes filmés". Exemple : la biométrie d’aujourd’hui est scientifique et efficace puisqu’on peut même la tester dans des jeux. Des cartes d’identité, l’exposition veut bien admettre qu’elles ont parfois été "discriminantes", mais elle ne dit pas que Pétain les a rendues obligatoires et que la mesure a facilité l’arrestation des Juifs. Un film de huit minutes met en scène deux jeunes qui débattent des avantages et des inconvénients de la biométrie. Le pro-biométrie est clairement présenté comme le personnage moderne, tandis que l’autre, qui se méfie de cette nouveauté, est un ringard doublé d’un peureux !
Le clou : un dessin animé, version biométrique du "Petit Chaperon rouge". Dans un monde futuriste, le petit chaperon rouge part chez sa grand-mère malade pour lui apporter des gâteaux. Le loup l’espionne. Elle démarre sa voiture avec son empreinte digitale, mais l’auto tombe en panne. Elle appelle alors une copine avec son portable digital et celle-ci arrive en un clin d’œil. Elle lui prête sa voiture biométrique : facile, elle n’a qu’à la démarrer. Et voilà le Petit chaperon rouge sur la route. La jeune fille s’arrête au distributeur de billet qui l’identifie par son iris. A la boulangerie, les gâteaux défilent sur des tapis roulants. Pas besoin de la traditionnelle boulangère pour servir ; et en plus, on paye "cardless" (sans carte), biométriquement. Manque de chance, le petit chaperon rouge ne peut plus redémarrer la voiture de sa copine (eh oui, elle n’a pas son empreinte digitale sur elle !). La voilà repartie à vélo. Le loup, lui, utilise les transports en commun, plus rapides et dont l’accès est évidemment biométrique ! Il arrive avant le petit chaperon rouge chez la grand-mère et, comme dans le conte, prend sa place dans le lit. La jeune fille entre par la fenêtre puisque le système biométrique d’ouverture de la porte ne fonctionne pas. Elle réalise trop tard, grâce à une authentification ADN de la salive du loup, que ce n’est pas sa grand-mère. Mais finalement, elle tombe amoureuse de son agresseur. Happy end !