EADS Innovation Works, département R&D de l’une des plus grandes entreprises d’aérospatial et de défense au monde, a lancé en mars dernier un concours à destination des étudiants intitulé « Find me if you can ».
"Le défi consiste, pour les gentils étudiants, à proposer leurs algorithmes de reconnaissance ou mapping facial. Ces derniers seront testés en temps réel sur les méga-serveurs de l’un des sept centres de compétences techniques du réseau mondial d’EADS Innovation Works. En échange de quoi, les concepteurs des algorithmes les plus rapides et efficaces recevront de « super prix » (sic), à savoir des produits de la marque Parrot (dont la nouvelle version de leur drone grand public) et, pour le meilleurs d’entre eux, un « incroyable voyage » à Kourou pour assister sur un strapontin VIP au lancement d’Ariane 5. C’est ce qui s’appelle se faire plumer de la plus belle manière, sous couvert de « chance unique de laisser sa marque dans le monde scientifique lié à l’industrie » (sic!), « de sécuriser les grands événements sportifs » (re-sic !) et d’une hypothétique « embauche » chez EADS (à 1 657 euros pour un étudiant sans expérience). N’ayons pas peur des mots, avec ce student-sourcing à peau d’balle, EADS fait dans le foutage de gueule monumental.
Car, est-il besoin de le rappeler, European Aeronautic Defence and Space company (EADS) est, comme son nom l’indique, un groupe européen spécialisé dans l’aéronautique et le spatial civil et militaire, aux multiples filiales – Airbus, Astrium, Cassidian, Eurocopter, Arienespace, GDI Simulation, etc. –, qui emploie plus de 133 000 personnes et affichait en 2012 un chiffre d’affaires de 56,5 milliards d’euros et un bénéfice de 1,22 milliard. C’est le très médiatique Arnaud Lagardère qui en assure la présidence. Sa fortune était estimée à 240 millions d’euros en 2012, le plaçant au 170e rang du classement Fortune. Son pote Henri Seydoux, PDG-fondateur de Parrot (détenteur de 35,3 % du capital) n’est, lui, que 251e avec 147 millions d’euros déclarés en 2102. " [1]
Ce type de concours étudiant est de nos jours très courant, notamment à destination des étudiants en informatique. Que ce soit, comme ici, la conception d’algorithme ou, comme c’est le cas dans le cadre de concours open data, l’utilisation de set de donnnées à des fins d’ « usages citoyens », la finalité est toujours la même: l’innovation, ou plutôt l’appropriation des idées des étudiants à moindre coût. Grâce à ce concours EADS va récolter des milliers d’algorithmes différents pondu par des étudiants des quatre coins du monde, et n’aura plus qu’à choisir ce qui lui convient sans se poser la question du coût puisque, dès l’inscription au concours, les étudiants s’engagent à abandonner tout droit sur leur création.
Là où EADS se dinstingue d’autres organisations promotrices de tel concours, c’est dans le sujet même de la compétition: codez l’algo qui fliquera votre prochain..
[1] Étudiant, viens te faire plumer par EADS !
Vidéo "Find me if you can!", new EADS Innovation Works contest
Find me if you can! – A visual matching contest (site d’EADS)