GIP Dossier médical partagé

Ce "groupement d’intérêt public" chargé de développer, avec des partenaires privés, le dossier medical partagé (DMP), montre encore sa légèreté dans la protection et le contrôle d’accès aux données de santé et reste, de plus, opaque sur ses choix d’orientation.

Pour décrire ce dossier complexe, autant lire ce qu’en pensent des médecins, conscients des risques d’informatiser en réseau ce type de données, et premiers spectateurs des failles multiples du DMP.

Extraits d’un article paru cet année sur le site Fulmedico.org :

- Le DMP tel qu’il est aujourd’hui prévu, encore officieusement, par le Comité d’Orientation du GIP-DMP sera un dossier de verre. La multiplicité des personnes ayant accès à des pans entiers du DMP sans justification professionnelle stricte, augmente de manière exponentielle le risque de divulgation des données médicales.
 En majorité, les différentes catégories de professionnels de santé, disposeraient d’un accès global en lecture à la plus grande partie des informations du DMP, même quand elles n’ont pas de rapport avec leur domaine d’activité spécifique. (...) Pourquoi une infirmière qui réalise un soin ponctuel (ablation de points de suture) aurait-elle accès à l’ensemble du dossier ?
 Même s’il y a historisation des accès, cela multiplie de manière exponentielle le risque de fuites. Le secret médical va devenir un luxe. On peut penser que seuls les patients qui ont des revenus importants auront le libre choix de faire ou de ne pas faire figurer certaines données dans leur DMP.
 Pas de colonne spécifique pour le "médecin traitant" (qui logiquement devrait avoir un accès total car dans ses missions l y a la gestion du DMP).
 On y note que le généraliste, même médecin traitant, ne peut pas commenter un bilan biologique, un suivi de soins, un bilan d’autonomie, un bilan fonctionnel (kiné), un courrier de spécialiste ou une lettre de sortie hospitalière pour, par exemple, en corriger les erreurs ou les imprécisions. Même une sage-femme a plus de droit en écriture.
 "Résultats d’examens biologiques (...) : on peut être surpris par l’accès en lecture des pharmaciens ou des infirmières. (...) Est-il normal qu’une sage-femme puisse avoir accès à des résultats de biologie en dehors de son domaine de compétence ?
 (...) "Pathologies en cours" "Traitements en cours" (y compris médicaments administrés) Pourquoi un chirurgien, un dentiste, une infirmière, un biologiste, un kiné, aurait-il accès à l’intégralité des pathologies et des traitements si elles sont en dehors de sa sphère d’activité ? (...) [1]

Du reste, ce qui n’est pas non plus pour nous rassurer, le GIP-DMP, s’il construit une "maison de verre" informatique, reste une tour d’ivoire administrative. Extraits du même article :

Il circule actuellement sous le manteau un certain nombre de documents préparatoires sur le futur DMP. Le DMP concerne tous les français, pourtant sa mise en oeuvre se fait dans l’ombre.
Le projet de Carte nationale d’identité électronique Adèle a eu au moins le mérite d’être l’objet d’un débat public (...). Or pour le DMP, dont les enjeux sont beaucoup plus importants, la parole et l’information sont confisquées par un Comité d’Orientation d’une cinquantaine de « membres désignés par le ministre de la santé et des solidarités sur proposition du Président et du vice-président du conseil d’administration du Groupement » et dont la moitié serait soit-disant représentative des « professionnels de santé ou des patients ». On ne trouve d’ailleurs même pas la liste des membres de ce Comité d’Orientation ou des “Groupes de travail” sur le site du GIP-DMP !

Rappelons que l’an dernier aussi le GIP avait été sélectionné aux BBA pour son empressement à conclure des contrats d’infogérance avec de gros poissons de l’informatique et des réseaux, avant même que l’architecture assurant une protection parfaite n’ait été mise en place. [2]

Lire aussi :
 la page de Fulmedico qui fait le bilan des multiples bugs du dispositif :
Blog de l’expérimentation DMP
 Interview du docteur Fraslin dans Le Parisien (24/11/06) : « Le mot de passe et l’identifiant de connexion pour le patient sont simplistes, identiques et très prédictibles !, s’étonne le médecin. Il s’agit des cinq premières lettres du nom, suivies des deux premières lettres du prénom et du chiffre 1 ou 2, si le patient a des homonymes. N’importe qui peut entrer. Autre problème : dans notre essai, on avait accès au dossier de l’épouse en même temps que celui du mari, alors que la confidentialité est de règle. » ...