Conforama, Ikea, Castorama et Elior

Pour le flicage, plus ou moins inventif, de leurs salariés.

Conforama

En mars 2012, des syndicats ont découvert, dans un des magasins de l’enseigne, un tableau exposé à la vue de tous les salariés et représentant les performances de chacun d’eux (chose interdite par la loi informatique et libertés) mais également un smiley avec une balle dans la tête pour tous les salariés jugés trop peu compétitifs. La direction a bien entendu fait retirer le document incriminé et affirme qu’il s’agissait d’une initiative personel de la part d’un responsable. Aujourd’hui ce responsable est toujours en poste.

Par la suite, en juillet 2012, un fichier nominatif et illégal des salariés d’un magasin Conforama a été découvert. Les salariés y étaient classés par code couleur avec, si possible, une mention concernant leur appartenance à des syndicats.

Quelques exemples:

« rouge à surveiller - soldat à sortir »
« orange foncé - trop mou - augmentation 2013 refusée »
« passé orange - Revendicatif... A sortir au plus vite »
« bon élément... Attention veillez à aucune déformation par X [X étant un délégué syndical, ndlr] »
« Bon soldat - laborieux »
« pas réactif »
« mauvais vendeur - ne fait rien - RF [rouge foncé, selon les syndicats, ndlr] CGT »

Bien sûr les directeurs de magasins avaient alors l’interdiction de divulguer l’existance de tel fichier aux employés ou a qui que ce soit, le caractère subjectif, stigmatisant voir insultant des informations y étant décrite le rendant totalement illégal.

Cette méthode de classement est issu d’une technique de management auquel les directeurs de magasins Conforama étaient formé entre 2006 et au moin 2009. Selon la direction de Conforama, ces derniers ne sont plus censé utiliser cette méthode de management mais qu’il est possible que certains aient du mal à s’en détacher.

Conforama, le pays où les salariés rebelles sont fichés
Envoyé spécial diffusé le 28 février 2013

Ikea

Février 2012: Un mail intitulé "Objet : accord STIC", entre le directeur de la gestion du risque pour Ikea France et le responsable de la société Sûreté International, pose le deal : 80 euros par consultation du controversé fichier police STIC (Système de Traitement des Infractions Constatées) regroupant les informations sur les auteurs d’infractions interpellés, les victimes, les témoins... Dans ce cas le flicage ne concernerait pas uniquement les salariés, suite à un "litige commercial", une cliente aurait en effet fait l’objet d’une minutieuse enquête personnelle.

Ikea aurait fliqué ses salariés

Castorama

Début 2012: Du côté de Casto on est un peu plus créatif, on va un peu plus loin en engageant un enquêteur d’une société externe (la SPIPIC - société d’investigation et de protection industrielle et commerciale). Suite une "démarque inconnue anormalement élevée" sur le site de Villenave d’Ornon, ce dernier s’est fait passer pour un des salariés pendant presque 4 mois (de décembre 2011 à mars 2012) avec la ferme intention de dénicher les possibles voleurs. Le contenu du rapport d’activité de cette taupe décrit ses méthodes de travail: s’immisçant au sein des salariés, il va purement et simplement les inciter au vol: "Tout ce qui est petit, je me débrouille, mais là il faut qu’on fasse un coup tous les deux". [1] Méthodes clairement illégales que Castorama nie avoir commanditée. Selon la direction l’audit «avait pour but de vérifier la fiabilité des procédures internes et d’identifier les éventuels dysfonctionnements dans les contrôles» mais qu’ «en aucun cas il n’avait pour objectif de s’intéresser à la vie privée des collaborateurs ni à la qualité du travail fourni». Rappelons qu’en 2008 le directeur du Castorama d’Antibes avait utilisé la même méthode qu’Ikea pour récupérer, par l’intermédiaire d’un flic véreux, des informations confidentielles, extraites du fichier policier STIC, sur les antécédents judiciaires d’un de ses agents de sécurité. [2]

[1] Castorama accusé à son tour de surveiller ses salariés
[2] Après l’affaire Ikea, un directeur de Castorama sur la sellette
Révélations: à Castorama, une taupe a bien été infiltrée parmi les salariés

Elior

Mars 2013: La chaine de cafétéria Mychef, une filiale italienne du groupe français de restauration collective Elior oblige ses employés, composant les équipes de nuit, à porter un gps à la ceinture. Le dispositif sonne après 90 secondes d’immobilité de l’employé ce qui exerce une pression constante sur ces derniers travaillant avec la peur de déclencher l’arrivée de la sécurité. La direction évoque un nombre important de braquages à mains armées sur ces établissements mais selon le père d’une des salariés il n’y a eu aucune attaque récemment. Ce dernier dénonce l’exploitation dont est victime le personnel: tâches non prévues par le contrat de travail, heures supplémentaires non payées, horaires de nuit systématiques. De son côté, Elior affirme que ce système a été validé par les syndicats, inquiets pour la sécurité des salariés.

Elior impose le port du bracelet électronique chez une filiale en Italie