Grenoble-Alpes-Métropole (débats "Nanoviv")

Pour nous convaincre des bienfaits des nanotechnologies et des microsystèmes de surveillance, la communauté urbaine de Grenoble et son prestataire Vivagora ont maquillé en "débats citoyens" de simples conférences promotionnelles.

De septembre à décembre 2006, un cycle de 5 conférences sur les enjeux et les dangers des nanotechnologies ont réuni près de 700 personnes, soit 140 à chaque séance. Belle novangue politico-scientifique... Car tout était déjà joué... Quelques semaines plus tôt, en juin 2006, et après 6 ans de préparatifs, a été inauguré dans la capitale de Alpes le complexe scientifico-industriel Minatech, le temple français des nanotech.

Rappelons que parmi ces savantes recherches, à l’intérêt stratégique capital nous dit-on, la mise au point de "nanosystèmes" propres à surveiller tout ce qui bouge dans nos belles cités. En gros, il s’agit de savoir s’il faut développer des "micro-nanotechnologies qui génèrent des dispositifs électroniques de plus en plus petits (donc invisibles), banalisés (car moins chers) qui capturent quantités d’informations qui peuvent être croisées". "Toute la question va être de savoir comment contrôler les usages de ces objets communicants, de cette électronique diffuse" (...) « On s’achemine vers un scénario de type appareils photo dans les lampadaires à reconnaissance faciale et drones de surveillance ». [1]

Nanoviv arrive un peu tard, alors que les premières alertes du groupe d’opposants Pièces et main d’oeuvre (PMO) datent de début 2003. Taxés d’obscurantistes à l’époque, ils seront invités cordialement en 2006 à venir "débattre" à Nanoviv. Ils ont refusé d’y participer mais y ont assisté :

"Sans surprise les producteurs de ce cycle de promotion trouvent à la sortie les ingrédients qu’ils ont introduits en début de chaîne. Leurs experts (chercheurs, industriels, institutionnels) ont vanté les bienfaits des nanotechnologies pour réparer les ravages des "innovations" techno-industrielles précédentes, encourageant la poursuite d’un modèle qui leur a valuleur statut, leur carrière, leur pouvoir. Le "public", lui, était invité à "poser des questions". Lors de la dernière séance (28 novembre), le temps de parole s’est ainsi réparti : Organisation 26’ ; Experts > 90’ ; Politique 3’ ; Citoyens 8’ ; Associations 2’. Même dans un "groupe de parole" simplement purgatif destiné à permettre aux "gens" de lâcher la vapeur quant à Minatec et aux nanotechnologies, le techno-gratin ne peut s’empêcher de monopoliser 90 % du temps de réunion. [2]

A la suite de ces "débats" Nanoviv, sont sortis des "préconisations" qui avancent notamment :

Le développement harmonieux des nanotechnologies n’est donc possible que si nous nous dotons d’outils et de procédures.
 d’information (état des connaissances, caractérisation des acteurs et de leurs intérêts...)
 d’interaction entre acteurs impliqués : académiques, industriels, membres de la société civile et politique
 d’élaboration collective des hiérarchies concernant les finalités et les coûts
 de transparence pour appréhender les engagements financiers ainsi que les modes et arguments de décision."

Traduction de PMO :

"Information" : comprenez bourrage de crâne.
"Interaction" : comprenez intégration à la liaison recherche-industrie des écolo-associatifs certifiés ISO 14000.
"Élaboration collective des hiérarchies" : jeux de rôles pour développer le syndrome de Stockholm et l’empathie des décidés vis-à-vis des décideurs. "Mettez-vous à la place du pouvoir" – justement on veut supprimer cette place.
"Transparence" : terme de novlangue pour dissimuler les engagements financiers et les modes de décision.

Notes

[1Introduction au débat du 28/11/2006 par Dorothée Benoit Browaeys, déléguée générale de l’association VivAgora, co-organisateur de Nanoviv.

[2Document de PMO, 5/12/206, commentaires aux "préconisations" issues de Nanoviv. Docs : www.piecesetmaindoeuvre.com.