Charles Pasqua, Président du Conseil Général des Hauts-de-Seine. Complicité : André Santini, Premier Vice Président
CATEGORIES : LOCALITES Le Conseil général des Hauts de Seine a approuvé le 19 novembre 2001, sans concertation préalable, un plan de déploiement de caméras de vidéosurveilance dans les 87 collèges et lycées du département. La première tranche (20 établissements) coûtera 36 millions de francs. Un premier lycée de Neuilly avait été équipé en test quelques mois plus tôt.
A CHARGE
Extrait d’un article du Parisien (24 juin 2001) :
UN PETIT ILOT de Verdure niché dans les quartiers chics, à deux pas du jardin d’Acclimatation. C’est là, au collège de la Folie Saint-.James de Neuilly, que le conseil genéral des Hauts-de-Seine vient de mettre en place, à titre de test, son dispositif de sécurisation des établissements scolaires des caméras de vidéosurveillance numériques qui seront, ces prochaines années, installées dans les 87 colleges et Iycées du département.
En attendant, c’est à Saint-James que l’on filme en continu, jour et nuit à chaque point d’accés de I’établissement. Les images sont transmises à haut débit au PC sécurité installé provisoirement à l’hôtel du département et sont visionnées en temps réel par des agents specialisés.
Faire chuter la délinquance
Théatre au mois de septembre dernier d’une agression particulièrement grave, perpétrée par une bande de jeunes à l’encontre de l’époux de la principale, Saint-James donne le coup d’envoi d’une operalion vivement promue par Charles Pasqua, le président du conseil général. (...) Dans les prochains mois, les collèges réputés les plus difficiles, Joliot Curie à Nanterre, Andre-Malraux à Asnières et Henri-Sellier à Suresnes, seront équipés du même dispositif qui sera progressivement étendu à l’ensemble des Hauts de Seine. Le système diversement apprecié par les chefs d’établissement reste, assure le conseil général conforme à la législation en vigueur qui exige une autorisation préfectorale, interdit les fichiers nominatifs et prône la destruction des images dans un délai maximal d’un mois.
Néanmoins, ces caméras " intelligentes", qui fonctionnent comme de véritables micro-ordinateurs, reliées au réseau hertzien, sont capables de foumir vingt cinq images par seconde. En cas d’intrusion dans l’établissement, le systeme se déclenche irnmédiatement et alerte le PC sécurité, qui peut procéder à l’enregistrement complet de la scène. Dans les cas les plus graves c’est à la police que seront transmis les documents.
Transfert (mars 2001) raconte comment un certain Philippe Schwartz a été désigné par le Conseil général comme expert pour tester le système de surveillance au lycée Saint-James de Neuilly.
Philippe Schwartz a d’ailleurs correctement officié. (...) il déclare fièrement : "C’est un système hertzien de caméra de surveillance, une première pour un lycée en France (et) le hertzien permet de réduire les coûts. Nous avons agencé plusieurs logiciels de surveillance suédois, israéliens et français, afin d’obtenir ce résultat". Ainsi, les caméras seraient "intelligentes", se déclenchant par infrarouge uniquement en cas de mouvement suspect. Ces images, tant qu’à faire, sont directement envoyées par ligne Numéris vers le "Bureau de surveillance" du Conseil général, qui finance le projet. La CNIL a donné son accord, à condition que les caméras ne filment pas durant les récrés, et qu’elle soit tournées vers l’extérieur du lycée. Tout ça pour quoi ? Parce que le mari de la directrice s’est fait casser la figure dans le mignonnet petit parc à côté du lycée..."
http://www.bugbrother.com/archives/2001_03_11.html#Pasqua
André Santini, Premier Vice Président du CG et maire d’Issy les Moulineaux, ajoute à cette politique une note de démagogie sécuritaire : des webcams dans les crèches municipales. La CNIL a donné son avis fin janvier 2001 - valable 1 an renouvelable après examen.
Libération ("La vidéosurveillance à portée de tous", 1er janvier 2001) :
Présentée comme « une première en France », la webcam installée cet été dans une crèche municipale d’Issy-les-Moulineaux a fait long feu. La petite caméra est éteinte, et pourtant le dispositif est au point. Une deuxième crèche en a même été équipée. Mais on attend le feu vert de la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés). Feu vert qui tarde, car la Cnil instruit. De fait, une webcam n’est pas une caméra comme les autres. Reliée à l’Internet, elle permet de glisser des images dans des fichiers informatiques. Qui peuvent se balader d’un ordinateur à un autre. Et les fichiers concernent la Cnil.
A Issy-les-Moulineaux, le petit plus technologique a offert aux parents la possibilité de jeter un oeil sur leurs rejetons déposés à la crèche le matin, en se connectant au réseau depuis le bureau ou la maison. Mais l’initiative n’est pas du goût de tout le monde. Les associations de défense des libertés publiques notamment, s’émeuvent d’une pratique qui reviendrait à habituer de jeunes enfants à vivre sous l’oeil d’une caméra. Faut-il s’en offusquer avec elles ?
Quelle finalité ? Certains assurent qu’il s’agit d’un délire paranoïaque banal face au progrès technologique. D’autres maintiennent que vivre dans le champ d’une caméra n’est pas une situation ordinaire. Et s’inquiètent de la finalité des images recueillies : sont-elles conservées, combien de temps, où, par qui, est-il facile de les consulter ? Autant de questions déjà posées au moment de l’éclosion de la vidéosurveillance, et que la webcam relance aujourd’hui avec acuité. Primo, parce que l’Internet permet très simplement de dupliquer une image, de l’envoyer par e-mail, de l’archiver, etc. Deuxio, parce que l’argument pour multiplier les webcams n’est plus seulement sécuritaire, il est aussi ludique. Du coup, les municipalités qui multiplient les webcams dans des lieux publics se dispensent parfois d’en informer les services de la préfecture, comme le prévoit la loi de 1995. « Or, une webcam est une caméra de vidéosurveillance », rappelle la Cnil.
Interview d’André Santini (mai 2001) :
Nous avons inauguré samedi dernier une "cyber-crèche". Nous avons installé une webcam dans le bureau de la directrice, une dans la salle d’éveil et une autre dans l’atelier. Les mamans qui travaillent et se culpabilisent au bureau peuvent désormais accéder aux images en différé grâce à un code confidentiel et elles peuvent envoyer un e-mail à la directrice à tout moment. Nous avons également installé deux ordinateurs dans la crèche. Mais la souris a été remplacée par un gros ballon parce qu’à cet âge, on a plutôt tendance à taper qu’à cliquer. Un animateur propose des programmes de dix minutes, il y a des logiciels ludiques avec des coloriages, des comptines...
http://www.linternaute.com/0redac_itw/0005_mai/000531santini.shtml