Suite à des dégradations répétées au sein de la petite commune de Boqueho, la maire, Béatrice Tanguy, a pris l’initiative d’installer les deux premières caméras de surveillance dans cette petite agglomération des Côtes-d’Armor avoisinant les 1 000 habitants. Ces détériorations entraînant des tensions au sein des habitants et coûtant cher à la commune, il convient alors pour cette dernière d’agir au plus vite afin de découvrir l’identité des fauteurs de trouble. Il semble donc évident de faire installer des caméras en douce pour ne pas risquer de faire fuir ces derniers. Aussitôt dit (ou pas), aussitôt fait, deux caméras sont installées aux frais du contribuable. La première, orientée vers les toilettes publiques, est fixée à un lampadaire, à plusieurs mètres de haut. La seconde est installée sous le toit de l’église et en filme l’entrée.
Là où cette élue se distingue, c’est qu’en plus d’avoir fait installer ces caméras sans l’avis du conseil municipal, elle n’a pas non plus jugé utile d’en informer les habitants. Aucune signalétique, aucun courrier, rien ne permettant aux citadins de prendre connaissance de ce nouveau dispositif. Clou du spectacle les caméras ont été installées, début décembre en même temps que les décorations de Noël et sont donc passées complètement inaperçues. Il aura donc fallu trois mois aux habitants pour se rendre compte de leur présence et qu’ils étaient donc filmés à leur insu et en toute illégalité. La préfecture des Côtes-d’Armor, « seule compétente pour autoriser l’installation de systèmes de vidéoprotection sur la voie publique dans le département », n’a pas non plus eu connaissance de la mise en place de ce dispositif. « J’ai conscience que ce n’est pas bien d’avoir fait ça. Mais j’assume. Il fallait trouver une solution efficace », se défend Béatrice Tanguy qui se veux rassurante en expliquant, lors du dernier conseil municipal, qu’ « aucune image n’a été conservée » et que les caméras seront prochainement retirées « car le message est passé ». Conseil au cours duquel Roger Pioger, conseiller municipal depuis 1995, a annoncé sa démission. « C’est un problème moral, un cas de conscience, a expliqué l’ancien premier adjoint. Au lieu de mettre en place un dispositif dissuasif, avec des panneaux explicites, on a instauré un système répressif. On a cherché à identifier les coupables au mépris des libertés individuelles. Sans aucun cadre. La méthode ne me semble pas être un modèle de transparence démocratique ».
Pour l’instant la justice n’a pas été saisie, cependant le mécontentement se fait entendre chez les habitants puisqu’une fois l’affaire des dégradations réglée, les caméras n’ont pas été retirées. Une bâche noire où l’on peut lire « Nous aussi on vous a à l’oeil, qu’attendez-vous pour enlever les caméras ? » a été tendu sur le poteau de l’une des caméras.
Boqueho (22) Les habitants surveilles a leur insu par deux cameras
boqueho (22) Cameras illegales toujours en place la population s’impatiente