Alima Boumediene-Thiery, députée européenne

Pour ses multiples interventions contre les mesures antiterroristes, pour le droit des étrangers et la création d’une CNIL européenne

ARGUMENTS
Elue du Groupe des Verts/alliance libre européenne au Parlement européen depuis 1999, Conseillère municipale d’Argenteuil depuis 1995. Responsable/Administratrice de diverses associations de l’immigration, de Femmes et Solidarité (Maghreb) (1979-1999). Membre d’un groupement d’intérêt public (1995). Au sein du groupe Verts/ALE elle lutte contre tout type d’atteinte à la personne humaine (sans papiers, demandeurs d’asile) et au droit à la vie privée (protection des donnés personnelles dans les réseaux en ligne), pour l’anonymat et la présomption d’innocence (milite contre l’interconnexion des fichiers de police européens, comme Europol et SIS), et a défendu l’idée du ’commission européenne de l’informatique et des libertés’.

+ "Europe : vers l’état d’exception ?", tribune parue dans Le Monde du 28/11/01, par Alima Boumediene-Thiery, Alain Krivine, Giuseppe Di Lello Finuoli

+ Intervention d’Alima Boumediene-Thiery devant le Parlement à Bruxelles sur les rapports Watson portant sur "la lutte contre le terrorisme" et le "mandat d’arrêt européen et les procédures de remise entre les Etats". (29 novembre 2001)

"Chers collégues,

"La lutte contre le terrorisme est une nécessité absolue dont la légitimité ne saurait être remise en cause, au risque de voir nos démocraties s’écrouler. Mais elle ne doit en aucun cas servir de prétexte pour bâillonner nos droits fondamentaux et nos libertés démocratiques.

(...) "Si la capture illicite d’installations étatiques ou gouvernementales, de moyens de transports publics, d’infrastructures, de lieux publics,..., est constitutive d’une infraction terroriste,

"Si la manifestation légitime de nos libertés d’expressions, d’associations ou de nos droits syndicaux,..., sont susceptibles de criminalisation et de qualification terroriste,

"Alors, en votant pour ce rapport, nous renonçons à tous nos droits démocratiques ! (...)

"Pour conclure, ces propositions sont "boiteuses" sans harmonisation des législations, sans procédure judiciaire européenne, sans procureur européen, sans code pénal européen, sans tribunal pénal européen....

Si nous souhaitons conserver nos droits démocratiques, opposons-nous aux politiques pseudo-sécuritaires visant à éviter toute forme d’opposition sociale, syndicale ou politique."

Discours reproduit par le collectif LSIjolie.net

+ Ses arguments et consignes de vote pour le groupe des Verts du PE.Explication de vote : contre la procédure d’urgence

"Chèrs collégues,

"Avant tout, il faut avouer que cette explication de vote est difficile.

Comme tous, nous sommes révoltés par les attentats du 11 septembre, et qu’il est frustrant de décider de ne pas saisir un moyen supplémentaire pour lutter contre ceux qui les ont commis.

"Mais nous avons la conviction que c’est un choix dicté par la raison, et non par un instinct, légitime mais dangereux, poussé par la colère et la douleur.

"Au-delà du fait que nous refusons de créer une jurisprudence concernant les procédures d’urgence risquant alors de se multiplier, nous nous posons des questions quant à la liste proposée en annexe et qui révèle de véritables problèmes de fond.

"Bien évidemment, nous sommes en total accord sur le principe de mettre en place des mesures spécifiques à l’encontre des personnes et des biens liés au terrorisme pour mieux le combattre.

"Mais trop de zones d’ombres existent sur cette fameuse liste :

 Comment est-il possible de la soutenir lorsque l’on ignore même la manière dont elle a été constituée ?

 A partir de quels critères ont été sélectionnées ces personnes ?

Nous savons qu’il n’existe aucune définition du terrorisme dans le droit international, et qu’il est donc impossible de dégager des critères objectifs d’appartenance à un mouvement terroriste. Or, il suffit de voir la facilité avec laquelle certains traitent de terroristes tout comportement s’opposant à la pensée dominante (anti-mondialistes, anti-OGN,...) pour s’inquiéter des amalgames possibles.

"De plus, que fait-on de certains Principes Généraux du Droit tels que :

 la présomption d’innocence ? le bénéfice du doute ?
 et à qui appartient la charge de la preuve ?

"On veut nous assurer du droit à la défense grâce au possible recours auprès de la Cour de Justice en cas d’erreur.

Mais permettez-nous de vous rappeler une triste réalité : deux ou trois ans pour statuer en règle générale, et lorsqu’il s’agit d’un Etat, alors pour une association suspectée de terrorisme !?!

"On peut à juste titre se demander de quels moyens disposent réellement une personne incriminée faussement, un homonyme par exemple, pour corriger cette liste ? et à quelles compensations pourra-t-elle prétendre ? si c’est encore possible après le préjudice qu’elle va faire subir ?

"La lutte contre le terrorisme ne doit pas nous aveugler et nous faire oublier le respect des Libertés et des Droits Fondamentaux, d’autant plus d’ailleurs que c’est un combat contre ceux qui les refusent !

"Pour conclure, permettez-moi une dernière remarque : les noms figurant sur cette liste, à consonnance exclusivement arabo-musulmans, font la preuve d’un amalgame dangereux. N’existe-t-il donc pas d’organisations terroristes occidentales, européennes ou se revendiquant d’autres religions ? Et je ne peux pas oublier que le nom que je porte aurait été sur cette liste il y a 40 ans en France !"