Dans une contribution sur son blog en date du 25 mars, le journaliste Paul Moreira, auteur d’un documentaire sur la présence d’Alcatel en Birmanie [1], explique ce qu’il a découvert :
« Officiellement, effectivement, Alcatel n’a aucun projet en cours au Myanmar-Birmanie (…) mais j’ai pu découvrir par moi même les bureaux d’Alcatel-Shangai-Bell, bien cachés au 5ème étage de l’Hôtel Sedona (Rangoon), sans doute l’un des établissements les plus fliqués dans la très orwellienne Birmanie (…) Dans les locaux, il n’y avait que des chinois. De temps en temps des ingénieurs français venaient mais le gros des travaux était assuré par les chinois d’Alcatel Shangai Bell, filiale à 50,1% du groupe français mais de fait aux mains des chinois. Ceux-ci étaient en train de bâtir un réseau de télécommunications. De la technologie franco-américaine aux mains des chinois et remise aux militaires birmans. What a beautiful world…
(...) « Mais j’avais le sentiment d’avoir mis le nez dans un de ces deals faustiens de la mondialisation. Je veux faire du business avec la Chine, l’un des plus grands marchés mondiaux, et pour cela, je suis prêt à quelques petites concessions. Presque rien. Jusqu’au jour, où je découvre que j’ai fait gonfler mon chiffre d’affaires mais j’y ai laissé une partie de mon âme et de mes valeurs.
Alcatel a donc offert le nec plus ultra de la technologie française aux chinois.
Dont les fameux mouchards. Presque chaque jour, des bloggeurs birmans prennent des dizaines d’années de prison pour des « crimes de la pensée ».
Et les Chinois mettent sur pied les télécommunications des militaires birmans.
Quand on lui demande ce qu’il en pense de la dictature birmane, le porte parole d’Alcatel répond pareil que celui de Total : « Je n’ai pas à vous communiquer d’opinion personnelle, je vous parle en tant que porte parole d’une entreprise ».
Je me demande bien ce que Winston Smith aurait dit de tout ça ?... »