10 jours contre l’antiterrorisme

Les BBA France se joignent à l’appel « 10 jours d’agitation contre les lois antiterroristes », organisés dans des dizaines de villes en France, Suisse et Belgique par les collectifs de soutien aux « 9 de Tarnac », afin de rappeler le sort réservé aux citoyens interpellés le 11 novembre dernier pour « tentative de sabotage », alors qu’aujourd’hui deux d’entre eux restent en détention provisoire, et que le parquet s’est à nouveau opposé, le 14 janvier, à la libération de l’un d’eux malgré l’avis du juge d’instruction.

Aujourd’hui 15 janvier, c’est en effet le début d’une série de réunions et de rencontres autour d’un seul thème : l’agitation contre l’antiterrorisme. L’agenda détaillé de ces actions est disponible ici (et notamment des 21 au 24 janvier en région parisienne - lire ci-dessous).

Nous reproduisons ci-dessous le texte de présentation de ces journées, paru le 2 janvier, ainsi que le point de vue de nos amis du Syndicat de la magistrature, paru aujourd’hui, sur ces lois d’exception appliquée à cette pseudo "affaire de Tarnac" .


Du 15 au 25 Janvier : 10 jours d’agitation contre les lois antiterroristes

« Passées les « fêtes », nous prévoyons que se déroulent pendant 10 jours, du 15 au 25 janvier, le maximum d’évènements, concerts, projections, débats, afin de faire ressurgir la question, afin que soit requalifiées les charges qui pèsent sur nos camarades, et que sortent ceux qui sont encore en prison. Il faut que cette opération de com’ du ministère de l’intérieur se retourne et devienne une première et cuisante défaite pour ceux qui voudraient criminaliser l’action politique.

« Cela permettra également d’annoncer et préparer un grande manifestation nationale le 31 Janvier.

« Et même si cela n’est pas le principal, si ces événements permettent de récolter de l’argent pour le comité de soutien, nous en avons besoin.

« La réussite de ces 10 jours dépendra essentiellement de la capacité à se mobiliser de ceux qui nous soutiennent, ou veulent nous soutenir. Plus encore que de l’aide, nous avons besoin d’initiatives. Nous n’avons pas de bureau national, peu de moyens, pas de centralité entre le comités. Tout au plus quelques personnes qui peuvent faire le relais entre ceux qui s’organisent. Mais nous pouvons, par contre, diffuser l’information le plus largement possible.

« C’est à dire :
 Si vous êtes quelques uns dans une ville, constituez un comité de soutien, qui puisse relayer les actions et nouvelles à un niveau local. Envoyez nous un texte et un email, nous le ferons apparaître sur le site.
 Si vous avez les moyens d’organiser un ou des évènements dans ces dates, nous les annoncerons. Nous pouvons aussi faire passer toutes les informations ou matériel nécessaire pour une table de presse, et éventuellement venir, selon où, quand et pourquoi.
 Si vous êtes un groupe de musiciens sans salle, ou une salle sans groupe, nous tâcherons de vous mettre en contact les uns avec les autres.
 Et enfin, nous pouvons nous concentrer sur l’organisation de quelques soirées de plus grande ampleur. Si vous connaissez des groupes connus ou des gérants de salles assez grandes qui seraient prêts à participer, nous donner leur contact serait une aide précieuse.

« (...) Il arrive que le vent tourne. A nous tous d’en faire une tempête. Sabotons l’antiterrorisme. »

 soutienconcerts.tarnac(at)gmail. com
 http://soutien11novembre.org/spip.p...
 « 96 heures qui déraillent » (du 21 au 24 janvier, Paris et sa région), appel à la manif du 31 janvier : programme complet à télécharger


Syndicat de la magistrature

Affaire de Tarnac : de la « cellule invisible » au terrorisme invisible

« Depuis plusieurs mois, le Syndicat de la magistrature dénonce l’utilisation de qualifications pénales outrancières aux fins d’intimidation et de répression des mouvements sociaux (communiqués des 26 juin, 27 novembre et 4 décembre 2008).

« Dans l’affaire du « groupe de Tarnac », l’instrumentalisation consentie de la justice - à la suite d’une opération de « police réalité » opportunément médiatisée par la ministre de l’Intérieur - semble avoir atteint son paroxysme.

« Pour mémoire, après avoir subi une garde à vue dérogatoire de 96 heures, de jeunes épiciers libertaires ont été mis en examen du chef d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et, deux d’entre eux, sont incarcérés depuis plus de trois mois.

« Pourtant, les éléments ayant permis d’identifier et de démanteler une structure clandestine anarcho-autonome se livrant à des opérations de déstabilisation de l’Etat « avec pour objet la lutte armée » n’ont manifestement pas ébloui la plupart des intervenants du dossier. Outre les avocats de la défense qui semblent considérer que l’essentiel des charges repose sur la possession d’un livre subversif et sur la critique d’un mode de vie alternatif, plusieurs décisions de justice ont paru émettre de sérieuses réserves sur le contenu réel de la procédure.

« Comment interpréter autrement la libération de plusieurs mis en examen quelques jours après leur incarcération ? Comment ne pas s’étonner également, dans une affaire qui comporte des qualifications pénales aussi graves, qu’un juge de la liberté et de la détention ait pris le risque de libérer, dès le mois de décembre, le « chef incontesté » de la « cellule invisible » ? Même si cette décision a été rapidement infirmée à la suite d’un « référé détention » zélé du parquet anti-terroriste, il y a tout lieu de redouter que le traitement de cette affaire n’aboutisse à une nouvelle déconfiture judiciaire.

« Manifestement conscient de ce risque, le juge d’instruction en charge de l’enquête a ordonné hier la mise en liberté d’un jeune fille incarcérée. Tel un automate procédurier insensible aux réalités du dossier, le parquet antiterroriste s’est empressé de faire appel et de déposer un nouveau « référé détention »…

« Le Syndicat de la magistrature observe que cette affaire est la parfaite illustration des risques que comportent le transfert des compétences du juge d’instruction vers un parquet statutairement dépendant du pouvoir politique, spécialement lorsque la collusion avec le ministère de l’intérieur est si clairement affichée.

« Le Syndicat de la magistrature dénonce l’entêtement de la ministre de l’Intérieur et du parquet de Paris à vouloir maintenir une qualification des faits volontairement disproportionnée. »