Paris, 25 janvier 2006. — La sélection des Orwell de la surveillance 2005 vient de se clôturer. Une trentaine de candidats ont été retenus dans cinq catégories, pour désigner les hauts fonctionnaires, ministres, élus, entreprises publiques ou privées, collectivités locales ou autres autorités administratives qui ont marqué l’année par leur négligence à protéger la vie privée ou leur insistance à la violer, ou qui ont fait avec zèle la promotion de politiques sécuritaires ou de technologies de surveillance.
Quelques "tendances" se dégagent cette année. La biométrie par exemple devient omniprésente : dans les projets du gouvernement, dans les entreprises pour remplacer la pointeuse, mais aussi dans des établissements scolaires - et avec l’aval de la CNIL, sélectionnée à nouveau pour ses nombreux manquements. Les enfants deviennent aussi des cobayes en puissance, avec près d’une dizaine de candidats concernés par le ciblage des jeunes (cartes à puce, biométrie dans les cantines, trombinoscope d’un collège transmis aux policiers, exposition biaisée à la Cité des sciences de la Villette, désinformation des élèves sur la copie privée et le peer-to-peer, jusqu’au suivi GPS des jeunes conducteurs...). L’appel du Gixel (consortium primé avec l’Orwell Novlang en 2004), qui veut conditionner les enfants "dès le plus jeune âge" aux technologies de contrôle, a été entendu...
Le fichage des exclus et des précaires (croisement des fichiers touchant les chômeurs, recensement policier des SDF, etc.), comme l’atteinte forcenée au secret de nos données médicales, est également toujours en vogue. A noter le retour en grâce, après sa disqualification "pour dopage" en 2002, du multirécidiviste Nicolas Sarkozy, tout comme son "secrétaire d’Etat à la pénalisation", Pascal Clément - le garde des Sceaux d’aujourd’hui, toujours obsédé par le bracelet électronique mobile pour faire chuter la récidive pénale, a été primé l’an dernier pour le même motif, mais en tant que député.
Sept candidats au Prix Voltaire illustrent aussi ces dérives, avec des candidats s’étant distingués dans les domaines suivants : données de santé et secret médical, lutte contre la biométrie à l’école et dans les pièces d’identité, résistance à la délation visant des personnes précaires, lutte contre la rétention des données et pour le droit à la copie privée...
L’ensemble de la sélection - les candidats et les motifs de leurs candidatures - peut être étudié en profondeur en cliquant sur ce lien.
Pour désigner les lauréats de l’édition 2005, le jury sera seul souverain. Voici les personnes qui ont accepté d’en faire partie :
– Andy Bichlbaum, réalisateur, fondateur du groupe d’activistes The Yes Men
– Delou Bouvier, magistrate, représentante du Syndicat de la magistrature
– Loic Dachary, artisan du logiciel libre, représentant de la Free Software Foundation
– Benoit Delépine, auteur, réalisateur
– Agnes Fanget, réalisatrice, documentariste
– Amanda Le Bihan, représentante de la Coordination IDF contre la vidéosurveillance et le contrôle social
– Marwan Mohammed, militant associatif dans le Val-de-Marne, représentant du groupe de sociologues Claris
– Aline Pailler, journaliste, ex-députée au Parlement Européen
– Denis Robert, journaliste, écrivain
– Francis Segond, écrivain, ingénieur-conseil et enseignant
Ils vous donnent rendez-vous le 3 février 2006 pour divulguer leur palmarès. Ce soir-là une projection de films, de reportages et de documentaires sera proposée à 19h. La cérémonie débutera vers 20h30.
– Lieu : Confluences (Maison des arts urbains), 190 Bd de Charonne, 75020 Paris (Mo Alexandre Dumas).
– PLAF (participation libre aux frais) suggérée à l’entrée ou à la sortie.
http://www.confluences.net/agenda_bba06-02.htm
– Remise des prix en vidéo sur :
www.teleplaisance.org
Bien à vous,
L’équipe des BBA France