Frédéric Péchenard, directeur régional de la PJ

Chef de la Police Judiciaire parisienne, M. Péchenard est nommé pour encourager le fichage génétique de toute la population, au prétexte que même les innocents pourront, grâce au fichier FNAEG, "être lavés de tout soupçon"...

Acceptez d’être fiché à vie, c’est pour votre bien ! Cette noble pensée novlang a été traduite par le directeur de la PJ de Paris en 2006 [1] à propos du fichier des empreintes génétiques (FNAEG).

Extrait d’un article du Monde : [2]

Pourquoi avoir étendu le fichage à un si grand nombre d’infractions ? Pour
le directeur de la police judiciaire, Frédéric Péchenard, "cet outil
extraordinaire pour éviter les récidives criminelles" n’a de sens que si le
maximum d’individus s’y trouvent répertoriés. Parce que, constate-t-il, "il
est très rare que les violeurs ou les tueurs en série ne soient pas connus
des services de police pour des infractions moindres (vols, petits
incendies, actes de cruauté envers les animaux, etc.). Le Fnaeg, dont les
consultants doivent bien sûr rester strictement encadrés, est une nécessité
de la police moderne, autant pour les victimes que pour les suspects
éventuels qui peuvent, grâce à une trace ADN, être lavés de tout soupçon".

Pour mieux faire accepter l’idée qu’un fichage de masse serait salutaire, ce haut fonctionnaire brandit la carotte : il pourra disculper tout citoyen innocent ! Mais de quoi devrait-on se disculper, à l’avance, si l’on est présumé innocent ? Une nouvelle fois la charge de la preuve est inversée et cette sombre promesse n’est qu’une nouvelle atteinte à ce qu’on appelle un État de

"Bien des infractions manquent encore pour alimenter le fichier, ironise Côme Jacqmin, secrétaire général du Syndicat de la magistrature (SM). Nombre de délits financiers tels le délit d’initié, la fraude fiscale ou l’abus de bien social n’exigent pas de fichage ADN..." [3]

RAPPELS :
(Mis à jour 15.01.2007)

 Un article du Figaro, publié lors de la nomination de M. Péchenard à la direction régionale en juin 2006, précise que « Le choix de placer ce brillant contrôleur général de 49 ans à ce poste clef ne doit rien au hasard ». « Homme de confiance et camarade d’enfance de Nicolas Sarkozy – leurs mères, toutes deux avocates, étaient voisines et amies –, il va compléter l’organigramme forgé par le ministre de l’Intérieur pour s’assurer de la fidélité des principaux rouages de la « grande maison ». (...) Tour à tour affecté aux « Stups » et à la tête de la section antiterroriste de la brigade criminelle, il est numéro 2 de l’antigang au moment de l’affaire de la prise d’otages de la maternelle de Neuilly-sur-Seine par « Human Bomb » en mai 1993. A cette occasion, il renoue avec Nicolas Sarkozy, alors jeune maire de la ville. » [4]

 Le FNAEG, qui est alimenté depuis 2002, grossit à très vive allure : 2 100 références en 2002, 40 000 en 2004, 283 000 aujourd’hui. Parmi elles, 107 000 personnes condamnées, 163 000 "soupçonnées", 16 726 traces relevées sur des scènes de crimes.

 Ce fichier des traces ADN a été imposé à l’opinion sous couvert de lutte contre les crimes sexuels.
 [5]

Notes

[1Direction régionale de la police judiciaire de Paris (D.R.P.J.), rattachée à la préfecture de Police de Paris, elle a compétence sur la capitale et les trois départements de la petite couronne (Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne). Ses effectifs sont de l’ordre de 2.359 policiers et administratifs.

[2"La tentation du fichage génétique de masse", 25.09.06.

[3(op cit)

[4Le Figaro, 03 juin 2006.

[51. Le Fnaeg (Fichier national automatisé des empreintes génétiques) est créé sous le gouvernement Jospin par la loi Guigou du 17 juin 1998, trois mois après l’arrestation de Guy Georges, le tueur en série identifié grâce à son ADN. Initialement, le fichier n’est destiné qu’aux auteurs d’infractions sexuelles.
2. Le 15 novembre 2001 (gouvernement Jospin toujours), la loi Vaillant dite de "sécurité quotidienne" l’élargit aux atteintes volontaires à la vie de la personne (actes de torture, de barbarie, etc.) aux actes de terrorisme, aux atteintes aux biens accompagnées de violence (destructions, dégradations par explosif ou incendie). Elle prévoit aussi une sanction pour tout refus de se soumettre au prélèvement : six mois d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende au moins.
3. Un grand pas est franchi avec la loi Sarkozy de "sécurité intérieure" du 18 mars 2003 (gouvernement Raffarin). Les infractions les plus banales sont introduites (vols simples, dégradations, tags, arrachage de cultures OGM...). La sanction pour refus d’obtempérer au fichage est alourdie. Surtout, la loi prévoit désormais de ficher les personnes non condamnées mais simplement suspectées - "à l’encontre desquelles il existe des indices graves ou concordants". S’il est innocenté, l’intéressé peut demander par la suite le retrait de ses empreintes du Fichier national. Le procureur peut, ou non, l’accepter.
4. Dans la foulée, la loi Perben II de 2004 obligera toute personne condamnée à plus de dix ans de prison à fournir son ADN. Qui refuse, perd aussitôt tout droit à une réduction de peine.
Le Monde, op. cit.