Sebastian ROCHE - CNRS

Pur donner des cautions scientifiques aux mesures sécuritaires encadrant la société

Explications : Sebastian Roché, sociologue et directeur du pôle "sécurité et société" au CNRS (IEP de Grenoble), médaillé de bronze au CNRS en 1996, pour avoir donné uene caution "scientifique" au "sécuritarisme".

Dans une récente tribune libre publiée par Libération (19/12/2003), ce "socioflic" ou "flicologue" a créé l’illusion en affirmant que la vidéosurveilance n’avait en rien amélioré le sécurité urbaine. Et résume sa forte pensée par cette phrase choc : "L’éclairage public est un plus puissant réducteur de la délinquance que la vidéosurveillance."

En réalité ce théoricien a été l’un des premiers à attiré l’attention bienveillante des autorités par sa conceptualisation de la notion fourre-tout d’« incivilité » et il compte parmi les importateurs des

des idéologies made in USA sur l’« insécurité ». Son premier ouvrage de référence en atteste la volonté ("Le sentiment d’insécurité", PUF, 1993), qu’il approfondira dans "Insécurité et libertés" (1996).

Ouvrage qui a mis sur orbite « scientifique » la notion d’« incivilité », érigée en « concept » grâce au « travail théorique » de l’auteur. Thèse : la progression des « petites violences ordinaires » (graffitis, insultes, gestes obscènes, attroupements agressifs, « corps affalées à l’entrée des immeubles », tapage nocturne, etc.) qui empoisonnent la vie quotidienne des gens est survenue en « période de croissance économique ». Y voir une conséquence du chômage et de la précarité serait, donc, selon Sebastian Roché, une erreur.

 Autres « cliché » que l’auteur se targue de « faire voler en éclats » : le racisme que les « bons esprits » imputent aux habitants des cités qui se plaignent du comportement des jeunes fauteurs de désordres. On ne peut nier, avertit ce docte en politologie-criminologie que « les enfants d’immigrés noirs ou maghrébins y ont une part importante », ce qui « nourrit le sentiment d’insécurité et la xénophobie ». Et, par conséquent, « l’extrêmisme ».

 S’inquiétant de la « passivité des Français » qui ont « appris à se reposer sur l’État », il les invite, non pas à se faire justice eux-mêmes, mais à faire preuve d’« esprit civique » en secondant les autorités dans maintien de l’ordre urbain. La délégation n’est pas forcément passive : la restauration de la « civilité » passera par une « participation » de chacun pour « épauler les institutions ». Place aux modèles « participatifs » du "neighbour watch" et autre "community policing" made in USA.

Dans une tribune au journal Le Monde (mai 2000) :

 Roché utilise des attaques dont avaient été victimes des convoyeurs de fonds pour sommer l’État de partager avec d’autres l’usage de la « violence légitime » dont il a le monopole, y compris avec le secteur privé.

Argumentation : face à « la montée de la délinquance et de la criminalité », la « limitation par l’État de l’affirmation d’autres entités qui organisent ou vendent [sic] de la sécurité », correspond, à « une vision dépassée de la sécurisation » (d’où le titre, "l’État ringard"). Autre preuve indiscutable de ringardise étatique : « on cherche à brider les sociétés qui vendent [re-sic] de la sécurité ». Jugez-en : « autorisation administrative préalable pour les détectives et les société de gardiennage ; uniquement de la surveillance et de la prévention pour les polices de la RATP et de la SNCF ; interdiction du contrôle d’identité, même si cela est couramment pratiqué au bénéfice des organisations publiques ». L’État, dit-il, ne se donne pas les moyens de mieux réprimer puisqu’il « ne réforme pas la carte policière, recrute à peine pour compenser les départs en retraite »

Enfin, Roché se surpasse : « dans une société riche [sic], ce n’est plus l’État qui détermine le bon niveau de sécurité : les consommateurs hiérarchisent leurs préférences. S’ils estiment que leur sécurité en vaut le coût, ils la payent, créant de facto un marché. »

P.-S.

Références : - Textes fondateurs dans son CV : http://www.upmf-grenoble.fr/cerat

/Recherche/PagesPerso/RocheCVFr.html

 « Sécurité : l’État ringard », Le Monde, 24/05/2000