Projet européen Humabio

Ce projet de biométrie "multimodale" présente comme une "liberté" le fait d’utiliser des techniques d’identification basées sur le comportement (comme la démarche), alors que cela aura pour conséquences de pouvoir identifier une personne à son insu.

Conjuguer "sécurité des entreprises" et "liberté de mouvement" des personnes : voilà comment est présenté un projet de recherche européen, coordonné par une université belge, impliquant une brochette d’industriels (Volvo, Siemens...), et avec le soutien de l’Union européenne : Humabio, pour HUman Monitoring and Authentication using Biodynamic and BehaviOural Indicators.

Le discours technico-commercial d’Humabio cache en réalité un système biométrique à 3 entrées, 2 traits biologiques (ondes cérébrales et fréquence cardiaque) et 1 d’ordre "comportemental" (la démarche), qui vont aider à identifier une personne, mais surtout à la repérer sans qu’elle le sache. Ce qui n’est pas du tout le but de la biométrie, qui est de s’assurer qu’une personne est bien qui elle prétend être.

Humabio cherche plutôt à "humaniser" les procédures de contrôles d’accès, très prisées dans les entreprises. Car plusieurs variables à vérifier pour passer une porte, c’est un peu trop compliqué, et ça nuit à la "productivité". Alors ses créateurs promettent "une meilleure protection avec moins de perturbations ou de retards tout en donnant de la flexibilité aux infrastructures".

Humabio a développé un système qui a l’inconvénient d’être un peu encombrant : un casque équipé de deux capteurs. Pour rendre "cette reconnaissance moins contraignante", Humabio envisage donc d’utiliser "une combinaison de caractéristiques physiologiques et de comportement (pour) améliorer la simple identification par empreinte digitale et faciale, en y ajoutant la reconnaissance de la démarche".

CQFD : "Toute personne située dans les zones surveillées par des caméras vidéo améliorées est automatiquement identifiée, notamment, par la façon dont elle se meut. Ceci diminue le nombre de contrôles nécessaires, ce qui permet de renforcer la sécurité des entreprises et des infrastructures en limitant l’accès des données sensibles aux personnes choisies".

Le conditionnement consiste à présenter comme une "facilité" le fait d’être identifié à son insu, de manière passive, dépassant complètement l’objectif d’origine : montrer qui on est, et puis c’est tout.

Le meilleur pour la fin : "La liberté offerte par ce type de reconnaissance augmente la productivité des individus qui n’ont plus besoin d’être reconnus lors de leurs déplacements sur leur lieu de travail".

Appeler "liberté" le fait de se faire voir sans le savoir, ça c’est de l’esprit novlangue à faire rougir George Orwell !