Piqûre de rappel

Dans les 18 pays où ils sont organisés sous l’égide de Privacy International, et cela depuis près de dix ans, les Big Brother Awards ont vocation à montrer du doigt les personnalités et les actions politiques qui menacent le plus les libertés privées, les droits fondamentaux et la stabilité démocratique. Cette société de la surveillance et de la suspicion se matérialise par l’action conjuguée d’une multitude d’acteurs et de dispositifs, mais il arrive parfois que certains personnages se distinguent outrageusement, c’est le cas du ministre-candidat Nicolas Sarkozy.

Voici quelques rappels dont celui adressé par le comité des BBA France au lendemain de notre dernier palmarès.

Nicolas Sarkozy, multirécidiviste des atteintes à la vie privée.

Seule personnalité à avoir été nominée 6 fois aux Big Brother Awards France —dont c’est la septième édition—, Nicolas Sarkozy, à qui nous avions décerné 3 prix Orwell ces 3 dernières années a, comme ce fut le cas lors de sa toute première nomination, été exclu de la compétition.

En 2002, sa toute première nomination l’était déjà pour... l’"ensemble de son oeuvre". Signe de la gravité de son cas, il n’en avait pas moins été classé "hors compétition", pour "dopage et exhibitionnisme"à l’unanimité du jury, jury qui, de façon prémonitoire, notait alors qu’"un peu de persévérance lui donne sa chance pour les prochaines éditions".

En 2003, il avait été nominé... deux fois. D’abord pour sa loi sur la sécurité intérieure (LSI), ensuite pour sa loi Perben II, ce qui lui avait d’ailleurs valu le prix Orwell Etat & Elus.

En 2004, il avait encore gagné, toujours avec Dominique Perben, assisté cette fois de l’ancien ministre socialiste Daniel Vaillant, le prix Orwell pour l’ensemble de son oeuvre en raison du FNAEG, fichier génétique initialement conçu pour les délinquants sexuels, et qu’il avait étendu à quasiment tous les mis en examen, qu’ils soient simples suspects, mineurs, et y compris en cas de relaxe ou d’acquittement.

En 2005, il avait, une fois encore, remporté le prix Orwell pour l’ensemble de son oeuvre, à cause de sa loi antiterroriste, parce que l’état d’exception devenait la règle et qu’il étendait considérablement les moyens de surveillance (audio, vidéo, par internet et par recoupement de fichiers, notamment privés).

En 2006, il était nominé en raison de son projet de loi de prévention de la délinquance (PLPD), qui encourage la délation et le fichage des enfants et des familles précaires, mais aussi le fichier ELOI, qui recense les personnes aidant des étrangers sans-papiers.

Cette année, le jury a décidé en délibération de l’exclure à nouveau pour "racolage actif et passif, exhibitionnisme et outrage à magistrat", pour avoir revendiqué de multiples atteintes à la vie privée, et pour avoir activement promu la surveillance en général, et le fichage en particulier. (...)

Source : Palmarès 2006 des BBA France

D’autres voix se sont élevées pour rappeler la propension du candidat de l’UMP à porter atteinte à l’indépendance de la justice et avoir développé "une culture du chiffre" dans la prise en charge de la délinquance.

Par exemple :

 Serge Portelli, Ruptures, publié d’abord intégralement sur le site Betapolitique et ensuite aux éditions l’Harmatan. Particulièrement les chapitres : I - Les faux bilans, II - La prison compulsive, et X - Une société sous haute surveillance.

 Ligue Odebi : Libertés sur internet : Bilan du quinquennat et questions aux candidats.

 Ligue des droits de l’Homme : Bilan d’une législature. Deux volets : la chasse aux étrangers et la politique sécuritaire. (fichiers PDF à télécharger).

 Motion du conseil national du Syndicat de la magistrature dans la perpective du second tour de l’élection présidentielle.

P.-S.

A propos de Privacy International

+ PI est une ONG créée à Londres en 1990 pour éveiller l’opinion sur l’érosion de la vie privée et pour lutter contre les nouvelles technologies de surveillance des individus. Depuis, PI a été à l’origine d’une trentaine de conférences, participant en tant qu’ONG a des dizaines de réunions internationales, à des milliers d’interventions ou d’interviews dans les médias, organisant des campagnes de sensibilisation, témoignant auprès d’instances gouvernementales ou parlementaires, comme la Chambre des Lords, le Parlement canadien, l’OCDE, l’UNESCO, le Parlement européen et l’Assemblée du Conseil de l’Europe. Enregistrée au Royaume-Uni en tant qu’association à but non lucratif (Non-profit Limited Company n° 4354366).

A propos des BBA dans le monde

+ Lancée par Privacy International en octobre 1998 à Londres, cette cérémonie vise à stigmatiser les menaces à la vie privée en montrant du doigt les personnes, institutions et sociétés privées les plus actives dans la promotion ou la conception de technologies de surveillance des individus. En 2006 les BBA ont été organisés dans dix-huit pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord. L’esprit s’inspire du roman "1984" de George Orwell, et a obtenu le soutien moral de Richard Blair, fils du célèbre évrivain, de son vrai nom Eric Blair.
http://www.bigbrotherawards.org/