En juillet 2008 la famille Kuka, les parents de nationalité albanaise et leurs deux enfants de cinq et sept ans, qui vivait à Pau depuis deux ans, était mise en rétention à Hendaye - Arselio et Anisa ont été les premiers enfants à occuper les locaux de ce CRA. Ils devaient bénéficier d’une libération au bout de quelques jours après une forte mobilisation citoyenne.
A la suite de cet épisode, le préfet des Pyrénées Atlantiques Philippe Rey, a porté plainte contre cinq des citoyens qui lui avaient adressé des courriels en faveur de cette famille. Ces cinq personnes étaient convoquées le 10 juin 2009 au tribunal de Pau, poursuivies pour outrage « à une personne chargée d’une mission de service public », délit passible de six mois d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende. Ces cinq citoyens "ordinaires", Valérie M., Yves R., Pierre F., Gérard C. et Eric S., sont poursuivis pour ne pas être restés indifférents, pour avoir manifesté leur solidarité en rappelant les valeurs de la République à ceux qui en sont les garants. Le recours au délit d’outrage dissimule mal ce qui leur est véritablement reproché : un "délit de la solidarité".
Cette action en justice vise également à protéger l’administration des critiques dont ses pratiques font l’objet : il s’agit, par l’intimidation des citoyens, d’obtenir que soient proscrits l’utilisation du mot "rafle" et les parallèles avec d’autres périodes de l’histoire de France.
L’un des citoyens convoqué au tribunal, Éric S., médecin généraliste à Tonnay-Charente, avait adressé un mail au préfet pour lui dire son étonnement : « Je tombe des nues, j’apprends que l’on autorise l’enfermement d’enfants, cela me rappelle une triste époque où l’on mettait les enfants dans des wagons ». Et de conclure par « Bonne journée ». Un an plus tard, il précisait : « mon mail n’avait rien de grossier, ni même d’insultant. Ce n’est pas comme si j’étais allé jeter des tomates sur sa porte. Quant à l’allusion à une période de notre histoire, c’est une réalité dont j’ai toujours entendu parler, dont on parle toujours d’ailleurs. »
Plus récemment une fresque en soutien aux expulsés a elle aussi occasionné la poursuite contre un maire du Béarn. Voir La “neutralité” à géométrie variable du préfet Philippe Rey
– LDH Toulon :
Le préfet et les délinquants de la solidarité, 1/04/2010.
(Mise à jour) Le préfet Philippe Rey s’est également distingué en obtenant du Tribunal administratif de Pau, en janvier 2010, l’interdiction du "mur des expulsés", une fresque que le maire de Billères, une commune voisine, a fait réaliser sur le mur d’une salle municipale pour protester contre les expulsions de familles migrantes dans le Béarn. Le préfet motivait sa demande au nom du principe de« neutralité d’un bâtiment public ». Le maire a fait appel et n’a jamais compté effacer la fresque, comme le tribunal l’a exigé. Mais un groupuscule néofasciste a fait le travail à la place du préfet, en profanant la fresque début avril.
– LDH Toulon : Le tribunal demande l’expulsion de la fresque de Billère, 15/01/2010.
– La République des Pyrénées : Mur des expulsés badigeonné : le Bloc Identitaire revendique son acte en vidéo, 9/04/2010.