Explications : On parle de plus en plus, en Europe, d’implanter dans des pays comme la Lybie, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie les premiers camps "pilotes" de transit pour demandeurs d’asile.
C’est l’Angleterre qui, en 2003, avait suggéré cette "externalisation du traitement des réfugiés" dans des pays tiers, hors de frontières européennes. Bien que rejeté par le Conseil de l’Union européenne, le concept est relancé en 2004 par les ministres de l’Intérieur allemand et italien, Otto Schily et Giuseppe Pisanu.
Le 12 août, ils proposent aux 25 la création de "portails d’immigration". Il s’agit de créer une "institution européenne" chargée du tri, dans des camps situés hors des frontières de l’Union, des demandeurs d’asile et des migrants souhaitant accéder au territoire européen.
L’Italie a déjà entamé des négociations avec le gouvernement du colonel Kadhafi. Un Kadhafi qui enfonce le clou en jouant sur l’amalgame réfugiés/terroristes : "On ne sait plus s’ils viennent pour vivre et travailler ou si ce sont des terroristes". L’Italie annonce la mise en place prochaine de centres de transit en Libye, pour organiser l’expulsion des migrants qui passent par ce pays, afin d’éviter qu’ils ne poursuivent leur route vers l’Europe.
Aux dires de la Commission, il s’agirait de "faciliter l’arrivée des réfugiés sur le territoire des Etats membres et de leur offrir un accès rapide à une protection en leur évitant de se trouver à la merci des réseaux d’immigration illégaux et des gangs mafieux ou d’avoir à attendre des années pour que leur statut soit reconnu."
Pour la Coordination française pour le droit d’asile (CFDA), cette prétendue « solution aux "problèmes complexes et dramatiques de l’immigration clandestine et du trafic des êtres humains" n’est en réalité que l’expression renouvelée d’une politique restrictive de l’accès au territoire européen, elle-même première cause de ces drames et appliquée sans nuance aux demandeurs d’asile en recherche de protection comme aux migrants. »
Au G5 de Florence (17-18 octobre 2004), aucun accord n’est atteint. Le Parlement européen est très critique. Les défenseurs des droits de l’homme s’insurgent contre une pratique qui renierait tous les principes de la Convention de Genève.
Bien que la création de camps aux frontières de l’Europe ne soit pas encore officiellement sur la table de l’Union européenne, le principe de ces camps dans des pays tiers gagne du terrain, grâce au zèle de l’Italie et de l’Allemagne.