Ministère de la Défense

Pour avoir trop longtemps hésité à rendre publics ses propres moyens d’interceptions sauvages des communications privées passant par satellite

Ministère de la défense

Catégorie Administration Echelon est désormais bien connu. Frenchelon, moins, son existence compromet pourtant la capacité de la France à dénoncer le Big Brother anglo-saxon. Frenchelon est le nom donné ironiquement par les anglo-saxons au système français d’écoute et d’interception des télécommunications, doté de plus d’une dizaine de stations de par le monde. Etant bien moins puissant qu’Echelon -ce qui ne l’empêche pas de pratiquer allègrement, et dispendieusement, l’espionnage économique-, le ministère de la défense n’a de cesse de vouloir l’européaniser afin d’offrir un contre-pouvoir au système anglo-saxon. Le tout dans la plus parfaite opacité, et sans aucun contrôle.

http://www.bugbrother.com/echelon/index2.htm#frenchelon

Ressources sur Frenchelon

http://www.defense.gouv.fr/actualites/communiques/c100901/100901.htm

Vers un système global européen d’observation par satellites

Ministère de la Défense - Délégation à l’Information et à la COmmunication de la Défense

Etat-major des armées Paris, le 07 septembre 2001

A Cologne en juin 1999, puis à Helsinki en décembre 1999 et à Nice en décembre 2000, le Conseil européen a décidé de doter l’Union européenne de capacités de gestion civile et militaire des crises, confortant ainsi la politique de sécurité et de défense européenne commune tout en renforçant l’Alliance atlantique.

Les satellites de reconnaissance, en complément d’autres moyens, répondent au besoin de disposer de systèmes appropriés de surveillance et de reconnaissance pour assurer l’autonomie d’appréciation des Etats membres de l’Union européenne.

Dans ce cadre, un document précisant les " besoins opérationnels communs pour un système global européen d’observation par satellites à des fins de sécurité et de défense " a été élaboré conjointement par les états-majors des Armées de la République fédérale d’Allemagne, du Royaume d’Espagne et des Républiques italienne et française. Il est la première démarche concrète, au plan opérationnel, de nature à favoriser l’émergence d’une véritable et ambitieuse Europe spatiale à des fins de sécurité et de défense dans le domaine de l’observation mais aussi dans celui des télécommunications, de l’écoute électronique, de l’alerte avancée et de la surveillance de l’espace.

Rédigé en langue française et en langue allemande, ce document a été approuvé par le chef d’état-major des Armées français le 5 septembre 2001 et transmis officiellement pour signature à l’inspecteur général de la Bundeswehr. Ce document recevra, dans les semaines à venir, le paraphe des chefs d’état-major de la République italienne et du Royaume d’Espagne avant d’être proposé à l’ensemble des partenaires de l’Union européenne.

Afin de disposer de premières capacités dans les meilleurs délais, le document propose que la réalisation s’effectue par étapes. Dans un souci de pragmatisme, les auteurs proposent une architecture de la première génération de ce système global d’observation spatiale s’appuyant sur la fédération au niveau des segments sol utilisateurs des différents systèmes nationaux ou bilatéraux en phase de faisabilité (ISHTAR), de définition (Sar Lupe, Cosmos-Skymed/Pléiades) ou de réalisation (Hélios II). Pour la seconde génération du système global européen d’observation par satellites, dont le déploiement est souhaité à l’horizon post-2010, ce document définit ses performances sans préjuger de l’architecture et de la logique de développement qui devra s’appuyer sur l’expérience acquise avec la première génération.

http://www.freenix.fr/netizen/6xx/zdfr.html

Grandes oreilles made in France

"Nous n’avons rien à envier des américains. Nous avons notre équivalent d’Echelon en France, notamment au sein d’une station d’écoute de la région parisienne, avec moteurs d’analyse sémantique pour trier l’information."

Voilà en substance ce qu’affirmait un officier de la DST à quelques journalistes au début de l’année 1998. Soit juste après le premier rapport du Parlement européen dénonçant Echelon. Que la France se soit doté de tels capacités n’est pas une surprise. "C’est le jeu de la guerre secrète, à nous de faire comme eux et d’être aussi performants. C’est ’je te tiens, tu me tiens par la barbichette !’ Il serait malvenu de s’en offusquer !" indiquait un espion français au journal Le Point en 1998

C’est d’ailleurs cet hebdomadaire français qui a mis à jour ce réseau de surveillance électronique, surnommé Frenchelon par les anglo-saxons. Plus fort : révélations confirmées à l’époque par le directeur de cabinet du ministre de la Défense. Il a été construit au fil des ans par deux entités du ministère de la Défense : d’une part la DGSE, les services secrets au sens large, et d’autre part la Direction du renseignement militaire (DRM).

Une première liste détaillée des bases françaises de ce réseau d’écoute a été publiée par Le Monde en février dernier. Ces bases sont présentées comme rattachées à la DGSE et à sa " direction technique " (ex-GCR pour Groupement des contrôles radioélectriques). Dixit Le Monde : "Ces moyens d’interception, satellitaires ou autres, sont déployés à Alluets-Feucherolles (Yvelines), Agde (Hérault), Domme (Dordogne), Mutzig (Bas-Rhin) et Solenzara (Corse-du-Sud), à Saint-Barthélemy (dans les Antilles), à la Réunion, à Djibouti et à Mayotte (Océan Indien)."

Censés servir à collecter des informations à des fins de Défense, pour prévenir les conflits, lutter contre le terrorisme et la prolifération des armes nucléaires, ces réseaux d’écoute - quels qu’ils soient - sont fortement soupçonnés d’espionnage économique. La notion d’"alliés" s’estompe : l’espionnage entre amis est devenu un sport international qui vise à garder ou conquerir des parts de marché. Enfin, le citoyen est-il visé ? Un seul détail : les écoutes pratiquées par la DGSE ne relèvent pas de la CNCIS, la commission chargé d’examiner les écoutes du gouvernement.

http://www.nouvelobs.com/archives/nouvelobs_1900/dossier1.html

Espionnage, comment la France écoute le monde
Il y aura bientôt d’autres stations. Elargir son réseau d’écoute « satellitaire » est « une priorité » de la DGSE, comme l’écrit le rapporteur du budget 2001 de la défense, Jean-Michel Boucheron. A cette fin, le service secret français dispose chaque année de moyens financiers accrus. Une nouvelle station est en construction sur le plateau d’Albion, là où étaient stockés les missiles nucléaires avant le démantèlement des silos ; une cinquième est en projet sur la base aéronavale de Tontouta, en Nouvelle-Calédonie.

Bien entendu, cet ensemble est - et restera - beaucoup moins puissant et performant que son modèle anglo-saxon dont il est souvent question depuis quelques mois et que l’on appelle communément « Echelon ». La NSA américaine est trente fois plus riche que son homologue français, la direction technique de la DGSE. L’une emploie 38 000 personnes, l’autre 1 600... Plus petit, « Frenchelon », comme disent les Anglo-Saxons, n’en est pas moins menaçant pour la vie privée. Y compris celle des Français. Voici pourquoi : quand elles passent par l’un des satellites surveillés par les bases de Domme, de Kourou ou de Mayotte, nos communications avec l’étranger ou les Dom-Tom peuvent être interceptées, recopiées et diffusées par la DGSE, sans qu’aucune commission de contrôle ait son mot à dire. Aucune ! Une situation unique en Occident

Tous les pays démocratiques qui se sont dotés de services d’écoute « satellitaire » ont mis en place des garde-fous - des lois et des instances de contrôle - afin de protéger leurs citoyens contre la curiosité de ces « grandes oreilles ». Tous, l’Allemagne et les Etats-Unis en tête. Pas la France. Pourtant notre pays espionne les satellites de communication depuis près de trente ans.

Le jeu en vaut-il la chandelle ? Cette masse d’informations - ces millions de conversations, d’e-mails ou de fax détournés - est-elle vraiment utile ? De l’avis unanime, les « perles », les informations secrètes dignes de remonter jusqu’au président de la République, sont très rares. « Quelques dizaines en vingt ans, dit cet ancien haut responsable. Et encore... »

En fait, les vrais « joyaux » ont d’autres clients : plusieurs grands groupes industriels français. Depuis deux décennies, la DGSE travaille en symbiose avec une quinzaine de firmes privées ou publiques. Entre espions et patrons, c’est donnant donnant. Les uns font du renseignement économique et technologique (le service de recherche spécialisé à la DGSE emploie une cinquantaine de personnes). Les autres fournissent des couvertures aux agents en mission à l’étranger.

Le Canard Enchaîné du mercredi 4 juillet 2001

Le renseignement français à la loupe

Des images classées "secret-défense", expédiées par Chronopost, un système sophistiqué pour capter les données des satellites qui est resté dans les cartons pendant la guerre du Kosovo, des renseignements géostratégiques tellement précieux que les pilotes n’y ont pas accès pendant les opérations... cessez le feu ! Le rapport sur le "Renseignement par l’image" remis ce mercredi 4 juillet à l’Assemblée par le député PS Jean-Michel Boucheron a fait grincer des dents des pontes de l’état-major qui en ont pris connaissance. Dans un distrayant chapitre intitulé "Les coutumes du renseignement", le rapporteur du budget de la Défense à la Commission des Finances grossit à la loupe les ratés de la gestion d’Hélios I. Un très coûteux satellite d’observation militaire (10 milliards pour le programme) que la France s’est offert en coopération avec les Italiens et les Espagnols. Première observation : les Français sont malades du "secret défense". A propos des moeurs de la Direction du renseignement militaire, installée à Creil et qui, avec la DGSE, a confisqué le contrôle d’Hélios, le rapporteur écrit : "Jusqu’à une date récente aucun réseau n’était disponible (...). Des navettes (véhicules, motards) ont ainsi été organisées quotidiennement entre Creil et le siège de la DGSE dans le XXe arrondissement, où à une fréquence moins élevée entre Creil et le siège de la force aérienne de combat à Metz, ou celui de la brigade de renseignement de l’armée de terre. On peut s’interroger sur la rationalité de ces procédures (...). A l’heure de la fibre optique et d’Internet, le coût financier et opérationnel de ces liaisons datant d’un autre âge reste à chiffrer." On a vu encore plus fort pendant la crise du Kosovo. En 1998, à grands frais -200 millions-, une station aérotransportable, conçue pour fonctionner sur les théâtre d’opération, a été mise en service. Celle-ci permet de recevoir les images directement du satellite. Mais elle est restée à Creil. "Il semblerait, s’étrangle Boucheron, que la crainte de devoir déployer un tel équipement au contact de nos partenaires l’ait emporté sur la rationalité opérationnelle."