Le projet de loi prévention de la délinquance, remis sur le métier depuis deux ans, devrait être définitivement validé fin janvier, malgré l’opposition des travailleurs sociaux, des syndicats, des magistrats, et parfois des Maires.
Selon Gilles Sainati, du Syndicat de la Magistrature, qui en détaille les pires mesures sur 37 pages [1], il se met en place les structures d’un nouvel Etat qui au regard de celui qui existait il y a seulement 5 ans en France peut être qualifié de totalitaire en ce que :
– Il remplace l’accompagnement social par un contrôle tout azimuts des personnes suspectés de déviance,
– Place au rang de l’élite de la nation : Une police d’ordre public qui embrigade la jeunesse pour la former... à Quoi ?
– Transforme la mission éducative en procédés de redressement, notion moderne des camps de ce type,
– Instaure la vidéo surveillance et la peur comme mode de relations entre les citoyens au profit un État décentralisé en féodalités liés entre elles.
Parmi les autres faits d’armes du ministre-candidat cette année, la création du fichier ELOI qui va devenir l’outil majeur de sa politique de répression des sans-papiers ou de toute personne faisant l’objet d’une reconduite à la frontière. [2]
ELOI c’est un fichage généralisé des personnes hébergeant un étranger assigné à résidence ainsi que des visiteurs d’étrangers placés en rétention.
Pour la Cimade, l’une des associations (avec LDH, Gisti, etc.) qui s’est élevé contre ce fichier, "c’est une véritable atteinte aux libertés individuelles. Il diminue également la possibilité d’accès, pour les étrangers retenus, à des droits élémentaires :
– le maintien de liens familiaux, avec son (sa) conjoint-e, ses enfants, de bénéficier de leur soutien et de leur accompagnement ainsi que celui d’amis ou de proches. Ce fichage du visiteur va réduire, voire supprimer, ces visites du fait de la peur qu’il va engendrer.
– les possibilités d’utiliser des dispositifs moins attentatoires aux libertés individuelles que la rétention administrative vont être drastiquement réduites du fait du fichage des hébergeant, et des possibles poursuites pénales qui pourraient découler de ce fichage." [3]
ENFIN (façon de parler), le ministère a cette année lancé un autre chantier, (prévu depuis la loi du 23 janvier 2006 relative à la lutte contre le terrorisme), à savoir le fichage "à titre expérimental" (sic) des "passagers enregistrées dans les systèmes de contrôle des départs des transporteurs aériens". [4]