Les services web de géolocalisation

Après Facebook et Twitter, voilà la nouvelle armada du Web 2.0 : Foursquare, Gowalla, Yelp, Plyce, Tellmewhere (Dismoioù en France) et autres Veniu.

Comme toujours, pour mieux vendre cette érosion volontaire de données personnelles, on met en avant : 1/ la sécurité de vos proches (« imaginons que des parents « inquiets » souhaitent à tout moment savoir où se trouvent leurs enfants »...). Et 2) les applications commerciales (« imaginons que dans n’importe quel lieu dans lequel on se trouve, on puisse chercher où se trouve le produit le moins cher de sa zone, en étant automatiquement dirigé vers la boutique, le commerce qui aura le meilleur rapport qualité prix... »)

Les données, bien entendu, pourront ensuite être partagées avec des sites marchands, ou services de géomarketing publicitaire. Mais pas seulement. Car à l’instar de tout ce que l’on fait sur l’internet, sur simple réquisition judiciaire, c’est à dire même si vous êtes présumé innocent, et sans qu’un juge ne soit désigné (dès l’enquête préliminaire sous l’autorité du procureur !), les données de géolocalisation peuvent être fournies "à des tiers" qui vous veulent (pas forcément) du bien ! Sans, bien sûr, que vous en soyez informé !

Encore plus drôle, des néerlandais potaches ont développé le site internet "Please Rob Me" (Dévalises-moi !), qui utilisait des informations venant de plusieurs fournisseurs (notamment Foursquare et Twitter), afin de dresser la liste des personnes qui se disent loin de chez eux... et qu’il est donc possible d’aller cambrioler [1].

Plus sérieusement, le règlement intérieur de Foursquare, le plus connu des services grand public de géolocalisation, interdit strictement d’y ajouter des informations « fausses, peu fiables, ou inexactes ». Ce qui fait bondir l’écrivain Francis Mizio, qui a décidé de le subvertir en y créant des “centres de fichage des riverains [2] :

« Ça me dézingue : les gens se topent comme des malades dans des commerces. Ils utilisent Foursquare exactement comme on leur demande de l’utiliser. Déjà, ils étaient pistés par leur carte bleue, mais au moins, on ne les suivait que lorsqu’ils payaient. Là, ils se fliquent volontairement pour gagner des coupons de réduction. Franchement, on mérite mieux que ça ! Déjà, l’espace réel est constamment envahi par la pub. Les promoteurs de Foursquare nous disent que « c’est ludique », mais c’est un jeu imposé, dont les participants doivent suivre servilement les règles. Nous ne sommes pas que des entités économiques. Aujourd’hui, tout est soumis à la propriété privée, même l’espace public. »