On nous a signalé, dans le courant du mois de mai 2013, l’appel d’offre lancé par la RATP et concernant un système de reconnaissance faciale à partir des images de vidéosurveillance, soi-disant pour filmer les contrevenants.
Sur le site d’appel à compétences pacte PME[1], se trouvait alors l’appel d’offre au titre sans appel "RATP - Reconnaissance faciale". Le cahier des charges[2] précise "« L’objectif de ce projet est l’étude d’un nouveau concept de péage de transport public, sans barrière anti-fraude, capable d’une détection automatique du voyageur, en entrée et en sortie, sans ou avec présentation d’un objet communiquant »"
Plus besoin de contrôleurs pour sanctionner les vilains méchants qui ne paient pas, on les aura directement via caméra... Sauf qu’au passage, on filmera tout le monde et qu’en soi, cela représente une atteinte aux libertés publiques. Accessoirement, donc, on saura aussi les heures de déplacement de tous les utilisateurs du réseau de métros parisiens, avec qui ils se déplacent, quand et où ils prennent le métro, qui ils rencontrent dans les couloirs...
Autre extrait du cahier des charges : « Pour cela, nous souhaitons proposer le développement d’un système de péage à base de reconnaissance faciale permettant d’identifier le voyageur à l’entrée et à la sortie du réseau. » Non seulement on aura la face du fraudeur mais les pouvoirs publics pourront le retrouver, lui et accessoirement sa famille, aller taper à sa porte, lui donner une amende et même l’arrêter puisque notre société orwellienne n’est plus à ça près.
Le rédacteur du cahier des charges, dans un élan presque sympa (presque, hein....), nous donne toutefois les clés pour échapper à ce système de reconnaissance : « Le voyageur n’est pas identifié en tant que personne (tête tournée, camouflage, ...) ».
L’information est reprise par Numérama[3] et PCiNpact[4] et le 22 mai, les documents sont retirés sans plus de précision des pages où ils se trouvaient. L’appel d’offre est pourtant toujours disponible dans la page en cache[1] et le cahier des charges[2] a été téléchargé sur plusieurs serveurs et mis à disposition par les internautes. L’information s’est répandue sur les réseaux sociaux et beaucoup de parisiens s’indignaient.
Contacté par la direction de la communication de la RATP, PCiNpact[5] rapporte « Effectivement, la RATP avait lancé un appel à compétences, mais il s’agissait d’une initiative non validée par la hiérarchie. Cette démarche ne correspond pas du tout à la déontologie de l’entreprise. C‘est une initiative venant d’un bureau interne. On a du coup abandonné ce projet qui est retiré de pactePME.org (...) en clair, c’est une erreur ».
L’initiative n’aurait pas été validée par la hiérarchie. Pourtant, les appels d’offres, dans les entreprises de cette taille, sont relus, avalisés, par des juristes dont c’est la principale activité... Par ailleurs, bien étranger, aussi que la hiérarchie ne valide pas, tout simplement, les appels d’offres engageant des budgets d’importance comme celui-ci. Politis nous rappelle que ce dossier n’est pas un cas isolé[6],il y a déjà eu des précédents ailleurs qu’à la RATP.
Autre zone d’ombre, la RATP se justifie en évoquant un projet R&D, arguant que la reconnaissance faciale n’est pas dans sa philosophie. Toutefois, des caméras sont en service partout dans les couloirs du métro.
[1] Appel d’offre "RATP - Reconnaissance faciale"
[2] CAHIER DES SPECIFICATIONS FONCTIONNELLES ET TECHNIQUES (CSFT)
[3] La RATP envisage le péage par reconnaissance faciale
[4] Biométrie : la RATP veut faire payer à la face pour supprimer les queues
[5] La RATP abandonne son projet de péage par reconnaissance faciale
[6] La RATP a l’imaginaire… sécuritaire