Pour rendre l’université qu’il dirige conforme aux vœux et aux intérêts du secteur privé, anticipant ainsi la « réforme » mise sur orbite à cette fin par la ministre Valérie Pécresse, Claude Journès héberge une entreprise privée au sein d’un laboratoire de recherche informatique public, le LIRIS, situé en plein milieu du campus de Lyon-Bron au 1er étage du bâtiment C. Et pas n’importe laquelle : Foxstream, une société dont la publicité vante son rôle pilote dans la conception de produits innovants et performants en matière de vidéosurveillance. [1]
Cette collusion étroite entre recherche universitaire et intérêts privés prend place dans le cadre du projet IV2 : « Identification par l’Iris et le Visage via Vidéo », inséré lui-même dans un programme plus ambitieux, Techno-vision [2].
Outre LIRIS et Foxstream, IV2 rassemble les instituts de recherche INT, INST, INRIA, EURECOM, et des sociétés comme Thalès. On s’affaire à Lyon 2, comme dans les autres universités participantes, à constituer des bases de données nécessaires aux recherches.
[3].
– Tout ce qui peuple le campus (des étudiants au personnel administratif en passant par les techniciens de surface...) est ainsi invité à se faire numériser par bouts : visages, iris et "visages parlants".
– Avec ces bases de données, le LIRIS travaille à en déduire des algorithmes qui permettront la reconnaissance informatique d’un visage ou d’une iris par vidéo afin de pouvoir mettre au point une vidéosurveillance capable de reconnaître un visage, de le suivre sur bande vidéo et de l’identifier une fois le système couplé à un fichier nominatif de visages numérisés. [4]
Mais, la population de Lyon2 ne sert pas seulement de cobaye aux expérimentations sécuritaires. Elle en est aussi la première "bénéficiaire". Retour d’ascenseur : après avoir exploité le savoir-faire du LIRIS, Foxstream peut maintenant se targuer de vendre à l’université qui lui a servi d’« incubateur » un produit high-tech issu de cette collaboration : FoxVigi. Depuis juin 2005, en effet, Foxstream équipe les caméras du campus de Lyon-2 (une vingtaine de caméras équipées de FoxVigi dans un premier temps, le système a ensuite été étendu à d’autres batiments). [5]
À la généralisation de ces "recherches" s’ajoute :
– l’instauration de la carte « Cumul » qui cumule surtout électroniquement les contrôles des allers et venues des étudiants sur la fac ;
– la pose d’un grillage autour du campus, l’existence de dossiers (complètement illégaux) sur les personnes ayant des activités militantes…
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– Et, plus récemment, répression associative et syndicale, lorsque, pendant les grèves contre la loi LRU, dont Journès est l’un des plus chauds partisans, il a bouclé le campus, appelé la police pour réprimer un sit-in pacifique, fait évacué par les CRS le campus occupé suite à la décision d’une l’AG d’environ 1000 étudiants, et enfin a encouragé l’utilisation du web-etudiant local comme tribune pour discréditer la contestatation, engagé des nervis, c’est-à-dire des hommes de main en civil dotés d’un brassard pour l’occasion, se comportant comme des voyous vis-à-vis des étudiants et même des enseignantes [7], et, pour couronner le tout, fait lui-même le coup de poing contre les étudiants venus constater et photographier le saccage des locaux associatifs commis sur ses propres directives...