"Delanoë s’est converti à la vidéosurveillance". On ne saurait mieux résumer cette réalité, qui a pris encore plus d’ampleur en 2008, que cet article du Figaro. Avant d’afficher son revirement, Delanoë avait été "invité" par Rachida Dati à prendre "ses responsabilités".
« L’anecdote illustre l’évolution de la Mairie de Paris sur le sujet. Opposant aux caméras de vidéosurveillance dans les espaces publics, aux Halles en particulier, l’ancien élu socialiste du premier arrondissement de Paris, Alain Le Garrec, est aujourd’hui conseiller technique auprès du directeur de la prévention et de la protection. Cette direction de la Ville de Paris est chargée, entre autres missions, « de la politique de sécurité, de tranquillité publique à Paris et de lutte contre les incivilités ». Un secteur au cœur duquel se trouvent ces caméras que Delanoë regarde d’un œil clément depuis sa deuxième campagne. Dans son projet présenté avant les municipales de 2008, le maire disait ainsi être favorable « au développement de la vidéosurveillance ». Il habillait cette évolution d’une volonté d’agir « dans le respect strict des libertés individuelles », signalant la participation de la Ville de Paris au « plan des 1.000 caméras » de la Préfecture de police. Il sait que la majorité des parisiens y sont aussi favorables. »
Ce plan de "vidéoprotection", terme consacré, consiste en gros :
– à passer de 330 caméras sur la voie publique à plus de 1200.
– dans tout Paris, mais surtout dans certains quartiers : 18e, 19e arrondissement, près des gares et dans le 7e ;
– partenariat public-privé : la mairie de Paris financera des travaux de voirie pour faciliter le câblage du réseau ; la préfecture de police assurera la maîtrise d’ouvrage ; l’État versera un loyer de 6 millions d’euros par an aux sociétés attributaires des marchés vidéo. À charge pour elles de fournir et d’entretenir le matériel.
– budget estimé entre 44 et 50 millions d’euros (soit environ 30.000 euros par caméra, plus 10% pour la maintenance), selon la Préfecture de police.
Résultat de cette guerre sainte de la "vidéotranquillité" : extrait du nouveau "contrat parisien de sécurité", signé à l’Hôtel de Ville début mars par le maire de Paris, le préfet de police, le procureur de la République et le recteur d’académie. Son point n°4 : « Les bandes dans le collimateur. Le procureur de la République qui a réalisé une étude sur les bandes parisiennes et de banlieue qui utilisent la capitale comme terrain d’affrontement a annoncé un renforcement de la réponse pénale apporté à ce phénomène. Coté répression, la lutte contre les bandes passera par un maintien d’une présence policière forte sur la voie publique. La mise en place progressive du plan 1 000 caméras devrait nous permettre de mieux adapter nos effectifs aux besoins du terrain ».
Au moment où éclatait la polémique sur le temps qu’il a fallu au camp Delanoë pour se convertir, Christophe Caresche, le poisson pilote du maire sur ces questions de sécurité, avançait en substance que si "le plan a pris du retard, c’est de la faute à la Préfecture de police".
Un an plus tôt, le même Caresche était déjà convaincu qu’il fallait mettre le paquet :
"Le projet, soumis à la ville de Paris voici deux ans par la préfecture de police, était resté lettre morte, en raison de problèmes de financement. (...) « Nous ne sommes pas opposés sur le principe au développement de la vidéosurveillance, notamment si elle sert aussi à des missions de police municipale, comme la régulation de la circulation », répète Christophe Caresche, adjoint au maire (PS) chargé de la sécurité, qui estime que, « comparé à Londres, le plan de la préfecture apparaît un peu dérisoire ». (...) Car, contrairement à ce qui se passe à Londres, la police est systématiquement obligée de se lancer dans de trop longues procédures pour obtenir les images filmées. »
Rappelons que Christophe Caresche, avec Jospin premier ministre, a dirigé une « mission d’étude » pour la création d’un « observatoire
national de la délinquance urbaine », en compagnie d’un illustre
représentant de l’opposition de droite : Robert Pandraud, sous-ministre à la sécurité de Pasqua à l’époque des manifs de décembre 86. Ainsi est né l’OND, dont le président n’est autre qu’Alain Bauer, parmi ses nombreuses casquettes (cf dossier "Groupe de contrôle des fichiers de police", Ensemble de son oeuvre). Caresche député a évidemment voté la «
loi sur la sécurité quotidienne » de 2001, tout en étant, comme 221 de ses congénères députés du PS (qui ont également voté sans broncher ladite loi), encarté à Attac.