Le système de paiement Moneo ne cesse d’inventer de nouveaux stratagèmes pour s’imposer à la population. Passons sur le caractère inutile de cet outil pour le consommateur, rappelée sans cesse depuis 2002 par l’UFC Que Choisir, comme sur le fait que ce service est payant alors qu’il fait économiser des frais techniques aux banques qui, de plus, ont trouvé un moyen de faire fructifier à leurs profits les petites sommes stockées sur la puce...
Moneo remplace l’argent liquide (moins de 30 euros) mais rend cette liquidité "traçable". Ce "PME" (porte-monnaie électronique) est intimement lié à une carte bancaire, les transactions peuvent donc être liées au porteur de la carte ; et lorsqu’il faut le recharger, il faut également une carte bancaire. Si la volonté de BMS était de faciliter réellement la vie du consommateur tout en respectant leur liberté de dépenser sans laisser de trace, exactement comme avec des pièces de monnaie, elle aurait sans doute décidé de mettre en circulation des cartes non nominatives que l’on peut recharger avec du liquide. Cette promesse, faite en 2003 en feignant de discuter avec l’UFC, n’a jamais été suivie d’effet.
Aujourd’hui, BMS annonce une seconde génération de carte sans contact, avec l’intégration des perfides RFIDs. Et cherche désormais à attirer les jeunes consommateurs captifs en développant une solution de paiement sur téléphone mobile. Paiement, affirme la société sans apporter la moindre preuve, "complètement anonyme et sécurisée"...
Comme l’ont déjà conseillé ses pairs des lobbies de l’électronique (Gixel et consors), BMS cherche à sauver un échec commercial en allant gratter d’autres marchés plus malléables du côté des jeunes générations, en attaquant les CROUS, les organismes régionaux qui gèrent les résidences et les restaurants universitaires. Selon BMS, depuis la rentrée e septembre 2007, 16 CROUS sur 23 utilisent Moneo, ce qui concernerait 800.000 étudiants. Dans certains cas, il n’y a pas d’autre choix que d’utiliser Moneo pour accéder à certains services. [1] A Poitiers, le Crous va même jusqu’à ridiculiser l’étudiant ringard qui n’a rien compris au progrès : une affiche indique "Paiement monéo : je donne ma carte je l’insère dans le lecteur et je la sors : 5 secondes ; paiement espèces, je sors mon portefeuille, je cherche ma monnaie, je la compte, je la donne, on me rend la monnaie : 30 secondes". [2]
Encore une fois, les jeunes sont invités à devenir cobayes d’une technologie intrusive dans l’espoir qu’ils l’accepteront mieux plus tard dans d’autres domaines... CQFD.