Gérard Gaudron, maire UMP à tendance sarkoziste d’Aulnay sous Bois ne jure plus que par la sécurité urbaine et déploie dans sa ville tous les outils préconisés par le Ministère de l’Intérieur : Contrat Local de Sécurité, vidéosurveillance, audits et "expertises urbaines",formation des élus et des agents municipaux création d’un « Observatoire de la Tranquillité Publique » (sic), et mise en place d’un logiciel de "cartographie de l’insécurité"
Ce logiciel baptisé Corto, est l’oeuvre de la société ALTHING, jusqu’alors connue comme cabinet de Conseil et de Formation auprès des Collectivités Territoriales, bailleurs, centres hospitaliers et entreprises.
Corto est présenté comme un outil permettant "d’intégrer les bases de données des "co-producteurs de l’insécurité (si bien nommés !) que sont Police Nationale, Police Municipale, Pompiers , Bailleurs, Transporteurs, Chefs d’établissements scolaires...", mais aussi gardiens d’immeuble, agents d’espaces verts et travailleurs sociaux.
"En un clic", il permet par exemple de visualiser les 381 rassemblements de halls d’immeubles répertoriés en janvier 2006, et leur concentration. Ces Hot Spots, sont crés à partir de l’agrégation des données fournies par les fichiers des différents co-producteurs (STIC, SIGNA,...etc) et les renseignements qu’ils sont tenus de fournir dans des "Mains courantes", ou des "Bulletins d’Ambiance".
La campagne de publicité "officielle" a été lancée en octobre 2006 aux Assises Nationales de la Sécurité Urbaine généreusement hébergées à Aulnay sous Bois, et organisées par l’Association des Maires d’Ile de France et... le Cabinet ALTHING.
Largement utilisé depuis deux ans dans le cadre du Contrat local de sécurité (CLS), Corto recense "les atteintes à la tranquillité publique" les plus diverses, des vols avec violences aux injures. Cet outil a été tardivement déclaré à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) . Corto est présenté comme un outil d’aide à la prévention et à la décision, pour une meilleure gestion des effectifs. Ses utilisateurs restent très discrets sur des "partages d’information" qui, comme ceux préconisés par la loi Prévention de la délinquance, ressemblent à s’y méprendre à de la délation.
Pour Serge Colombié, responsable de l’Observatoire, seul habilité à manier le logiciel, il ne s’agit pas d’encourager la délation. "On ne travaille pas sur des noms mais sur des lieux d’infractions", rappelle-t-il, assurant que la charte de déontologie et le cryptage de certaines informations transmises "a rassuré les partenaires".
(...) Un travailleur social souhaitant taire son nom explique que "ces remontées de fiches finiront par se savoir dans les quartiers et risquent d’exposer dangereusement les médiateurs et les éducateurs, déjà suspectés d’être des collaborateurs et des auxiliaires de police. Si on lui demande, il refusera. "Quand un gosse fracasse une vitre d’arrêt de bus, c’est ce qu’on va faire de lui qui m’intéresse. Pas d’amasser des fiches", dit-il.