Ville de Grenoble et la société Blue Eye Video

Dans un quartier sensible la ville y a fait un laboratoire de la tolérance zéro, un système de surveillance vidéo couplée aux logiciels qui détectent des "comportements suspects"

Avec l’aide du lobbying de la société Blue Eye Video, Grenoble a mis en place un quadrillage video dans le quartier Villeneuve-Village olympique, réputé comme sensible. La spécialité de Blue Eye, c’est la prévisibilité des infractions, via des logiciels de comportements liés à des images vidéo.

Grenoble, et son maire Michel Destot (un ancien chercheur du CEA), mène de véritables expérimentations sur des espaces publics en relation avec la police nationale pour l’exploitation des données. Depuis septembre 2005, les caméras de la Villeneuve envoient automatiquement les images dans les bureaux de la police.

Commentaire de la mairie au journal local de la Socpresse : "Ce sont des caméras gérées par un logiciel qui détecte les comportements à risque, c’est un outil d’aide à la décision pour l’intervention policière, mais attention ce n’est pas Big brother."

Petit portrait très local de Blue Eye par un citoyen grenoblois. Cf indymedia (2) :

"Blue Eye Vidéo est une start-up très grenobloise : le gérant sort de chez Hewlett Packard, trois salariés sont de l’INPG. Tradition locale de "l’essaimage" : une institution publique (l’Inria - Institut National de la Recherche en Informatique et en Automatique) développe une technologie, puis dès qu’elle est applicable, monte une start-up privée avec l’appui de fonds publics (l’ANVAR et le Ministère de la Recherche). On appelle ce mécanisme de transfert public>privé la "valorisation". Parmi les contrats de Blue Eye Vidéo : un logiciel de comptage des passagers à l’aéroport de Strasbourg ou la surveillance des "effets de foule" lors du pèlerinage de La Mecque. Plus proche de nous : une opération de comptage des manifestants à Grenoble en juin 2003, quatre caméras de surveillance (vingt à terme) à l’Inria de Montbonnot, et un "détecteur automatique vidéo d’infractions aux feux rouges" dans les rues de Grenoble en décembre 2004. Ces caméras-tests sont placées à quatre carrefours particulièrement dangereux dont les noms sont gardés secrets en attendant, nous apprend le Dauphiné Libéré, "le feu vert pour en installer d’autres en ville, mais opérationnelles cette fois" (17). Blue Eye Vidéo, liée à l’INRIA de Montbonnot, l’équipe en caméras. L’Institut National de la Recherche en Informatique et en Automatique compte une vingtaine de sites en France. Celui de Sofia-Antipolis (technopole-soeur de Grenoble, à côté de Nice) mérite d’être signalé : c’est là que les chercheurs du programme Orion ont développé une technologie comparable à celle de Blue Eye Video : le logiciel VSIS (Visual Surveillance Intelligent Software*) qui détecte les événements suspects"

(*Procédé primé lors des BBA France 2000 !).

"Du contrôle total de la population à son contrôle totalitaire, il n’y a qu’un pas. Or c’est à Grenoble, "ville-test de la sécurité" que l’Inria ou Blue Eye Video rendent les caméras intelligentes. C’est à Grenoble que Arjo Wiggins fabrique le papier spécial des passeports biométriques français. C’est à Grenoble que se trouvent le CEA-Leti, l’Ideas Lab, Atmel, Bull, Radiall et Thales, membres du GIXEL, le lobby de l’eadministration et de la biométrie. C’est à Grenoble que l’Ideas Lab travaille sur "l’acceptabilité" des nouvelles technologies, en lien avec l’Armée."