Le Centre hospitalier universitaire de Nice

Pour avoir doté chaque patient d’un bracelet RFID afin d’"impérativement améliorer la qualité de la prise en charge des patient", sous prétexte d’être "en concurrence avec le privé".

Un hôpital, même sous tutelle publique, est un centre de profit qui doit penser autant à son image de marque et à son intégration dans le « tissu industriel local », qu’au bien-être de ses patients/clients.

Le CHU de Nice, qui rassemble 5 établissements, a prouvé qu’il savait conjuguer tous ces atouts en participant au projet « Hôpital Nouvelle Génération ». Il a donc passé en 2007 un contrat "expérimental" dans le cadre d’un des "pôles de compétitivité" créés sur la côte d’Azur
 [1]. Au risque, un détail sûrement, d’enrôler quelque 70.000 patients dans une expérimentation grandeur nature : greffer sur chacun d’eux un bracelet électronique à RFID, une puce sans contact qui va les suivre à la trace. Le bracelet RFID comporte son identité et le degré de gravité de ses symptômes. De quoi établir un « parcours médical » prenant en compte le degré d’urgence relative, la disponibilité des différents équipements et médecins...

Le CHU présente ainsi les choses : « Le Centre Hospitalier Universitaire de Nice et IBM ont collaboré pour la conception et le déploiement d’un projet pilote combinant les technologies RFID et sans fil afin d’optimiser le parcours patient dans le service des urgences. Un plus pour les 70 000 personnes accueillies chaque année au urgences de l’hôpital Saint Roch ! (...) Dès leur arrivée aux urgences, les patients sont immédiatement munis d’un bracelet RFID personnalisé qui les suit à chaque niveau de traitement, en maintenant en permanence le contact avec un moniteur qui enregistre en temps réel toutes les données liées au patient (avec quels professionnels de santé a-t-il été en contact, quels équipements ont été impliqués...). Ces informations sont diffusées auprès du personnel médical simultanément sur des larges écrans LCD et sur les tablettes PC des médecins, également équipés de la technologie RFID. » [2]

La question n’est pas tant de savoir si ce suivi par RFID sera un peu ou très nuisible pour la vie privée des patients, mais de souligner qu’une fois encore, l’on va dénicher des cobayes humains parmi une population par définition fragile et malléable, le patient n’allant pas suspecter son médecin d’être malveillant... Surtout qu’on lui colle son bracelet magique... dès son arrivée aux urgences ! Difficile de s’y opposer sur le brancard ou de signer le moindre consentement éclairé...

Notes

[1« Pôle de compétitivité solutions communicantes sécurisées » du projet PAC-ID, basé sur la technologie RFID. L’une des quatre applications de santé fondées sur cette technologie a bénéficié d’un financement de 4,9 millions d’euros. Les fournisseurs sont le géant de l’informatique IBM et le fabricant de puces STMicroelectronics... Cf Les Echos, L’hôpital de Nice « trace » les malades grâce à la RFID, 18/10/07.

[2Cf communiqué du CHU du 19/03/2006.